Vous avez l’impression d’avoir déjà voté sur le diagnostic préimplantatoire (DPI)? Vous n’avez pas tort. En juin 2015, les Suisses ont accepté à près de 62% d’ancrer dans la Constitution le principe de ces tests permettant l’analyse génétique des embryons provenant d’une fécondation in vitro (FIV) puis leur sélection en vue d’éviter la transmission à l’enfant d’une maladie grave dont les parents seraient porteurs. Un an plus tard, le retour aux urnes s’explique par le référendum lancé contre la loi d’application, peu ou proult par les mêmes milieux, le parti évangélique, des milieux chrétiens, les associations de défense des personnes handicapés, auxquels se sont joints des politiciens de nombreux bords politiques. Ils combattent l’élargissement de la loi qui donne accès, pour les couples stériles optant pour la FIV, à des analyses génétiques sur l’embryon permettant de détecter un nombre anormal de chromosomes, signe d’une trisomie par exemple.

Le sentiment de déjà-vu explique pourquoi la campagne peine à décoller. L’enjeu reste pourtant capital. Si la loi est refusée, l’ouvrage devra être remis sur le métier parlementaire, retardant l’utilisation en Suisse du DPI par des couples contraints de se rendre à l’étranger pour avoir accès à ces tests.

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En finir avec cette forme d’hypocrisie et une lourde contradiction justifie de soutenir la loi révisée. A l’ouest de l’Europe, tous les pays autorisent le DPI. Le parcours des couples qui y ont recours est parsemé de difficultés et de souffrance, de fausses couches ou de grossesses qui ne peuvent être menées à terme. Ajouter à ces futurs parents les désagréments, les risques et les coûts de soins à l’étranger au motif que de potentiels excès pourraient avoir lieu semble disproportionné. Préfère-t-on prioritairement veiller à la santé des mères et des enfants à naître ici et maintenant, ou alors s’abstenir de les aider en raison de potentiels abus dans l’avenir?

Mais s’il fallait un seul et unique argument en faveur du DPI, ce serait celui-ci: éviter des avortements à plusieurs mois de grossesse. Actuellement, si une femme apprend à la suite d’une amniocentèse que le fœtus est porteur d’une anomalie génétique, elle peut demander une interruption de grossesse. A nouveau: préfère-t-on laisser aux mères le choix douloureux d’un avortement à plus de 20 semaines de grossesse ou alors éviter des souffrances à des couples qui en ont déjà plus que leur part? La Cour européenne des droits de l’homme a tranché: dans un arrêt concernant un couple italien porteur sain de la mucoviscidose, elle a jugé qu’autoriser l’avortement mais pas le DPI manquait de cohérence. En franchissant un pas supplémentaire, on pourrait même estimer que c’est contraire aux droits humains.

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