Le théâtre du pouvoir

Amnésique

A l’apéritif qui a salué l’élection de Didier Burkhalter à la présidence de la Confédération, un homme était absent: le chef du groupe démocrate-chrétien, Urs Schwaller. «Je n’ai pas l’habitude de prendre l’apéro tôt le matin et j’avais une séance de travail», se justifie-t-il. Cela aurait pourtant pu être son tour. En 2009, lorsque Didier Burkhalter a été élu pour remplacer Pascal Couchepin au gouvernement, le PDC avait lancé le Fribourgeois dans la bataille. Il a fait la course en tête aux trois premiers tours. Didier Burkhalter a passé l’épaule au quatrième, après que Christian Lüscher, également en lice, s’est retiré et a appelé à voter pour le Neuchâtelois. En se levant mercredi matin, Urs Schwaller a-t-il pensé que c’était lui qui aurait pu devenir président en 2014? «Je n’y ai pas songé une minute», répond-il en précisant que sa candidature de 2009 est désormais oubliée. En renonçant à l’apéritif, Urs Schwaller en aura cependant manqué le clou: les divines verrines à la fée verte.

Gastronomique

Si un jour Isabelle Chevalley est élue à un poste clé du parlement ou d’ailleurs, il n’y aura pas de fée verte à l’apéritif, mais peut-être des libellules. La vert’libérale vaudoise vient d’interpeller le Conseil fédéral afin qu’il autorise la consommation d’insectes en Suisse. «Avec 10 kilos de nourriture, on peut produire 9 kilos d’insectes et seulement 1 kilo de bœuf. Ce type d’élevage émet également beaucoup moins de gaz à effet de serre», argumente-t-elle, en rappelant que «des centaines de millions de personnes en consomment depuis des millénaires». Voilà les parlementaires prévenus. Ils pourraient un jour être invités à devenir entomophages et à déguster des chenilles à la dijonnaise, des coccinelles au vin, une salade de scarole aux scarabées, une fricassée de sauterelles, des grillons grillés, des punaises en mayonnaise, un tartare de moustiques ou une marmite de termites, le tout arrosé d’un ver à soie et d’alcool de mouche.

Patronymique

Maria Roth-Bernasconi ne s’appelle plus Roth. Elle a pris la décision de ne porter à l’avenir que le seul nom de Bernasconi, comme le lui permet la loi. Elle a fait tous les changements nécessaires, mais cela n’est pas sans réserver quelques surprises. La Genevoise est persuadée que c’est à cause de cette modification qu’elle a fait un plongeon spectaculaire de 150 rangs dans le classement des parlementaires publié par la SonntagsZeitung. Convaincue d’avoir été mal évaluée à cause de ce changement patronymique, elle ne pointe plus qu’au 206e rang sur 234 élu(e)s classé(e)s selon leur poids au parlement, dans les commissions, dans leur parti, l’appréciation des collègues, etc. Il faut dire que son nouveau nom l’expose au risque d’un certain anonymat. Maria Bernasconi est en effet le nom fictif utilisé par PostFinance pour le spécimen de ses cartes de débit et de crédit. John Doe n’est pas loin.