Election au Conseil fédéral
Des onze candidats UDC, lesquels sont-ils les plus proches de la ligne dure de l’UDC? L’analyse de leur profil politique donne une idée à ce sujet

Des onze candidats – un UDC bâlois inconnu en politique, David Weiss, juge au Tribunal administratif fédéral, est venu allonger la liste vendredi – qui ont manifesté leur intérêt pour devenir conseiller fédéral, lesquels incarnent la ligne la plus dure de l’UDC?
L’examen du rating annuel des parlementaires, effectué par l’institut sotomo de Zurich en partenariat avec Le Temps et la NZZ, montre que c’est très nettement le Zougois Thomas Aeschi. Sur l’échelle allant de -10 (positionnement le plus à gauche) à +10 (le plus à droite), il obtient la note 8,9 en 2015 (8,7 de 2012 à 2014). Il est présenté comme l’un des poulains de Christoph Blocher et son ascension au sein de l’UDC a été fulgurante. Il appartient à la prestigieuse Commission de l’économie et des redevances et a accédé à la vice-présidence du groupe.
Pas très éloigné du jeune Zougois, le Bâlois Thomas de Courten est coté à 8,3. A son arrivée en 2011, le Bernois Albert Rösti a été noté à 7,7, puis s’est stabilisé à 7,4 points. Il a été le chef de campagne pour les élections fédérales en Suisse alémanique, mais n’entre pas en ligne de compte, car il y a déjà deux Bernois au Conseil fédéral. Le Grison Heinz Brand, un autre élu de la génération 2011, le talonne. Après avoir été coté à 7,3 en 2011, il s’est par la suite positionné de manière constante à 7,2.
L’évolution – le mot n’est pas excessif – des deux candidats romands est sans doute l’aspect le plus singulier de cette analyse. Entre 2003, date de son élection, et 2015, Guy Parmelin a régulièrement mais sûrement glissé à droite. De 5,8 en 2004, première année de son évaluation, il est passé à 7,2 en 2015. L’infléchissement est d’une constance absolue. Interrogé à ce sujet par Le Temps, il admet avoir «durci» ses positions, mais l’attribue moins au contact de Christoph Blocher qu’à celui de la «réalité». En d’autres termes, il assume pleinement ce durcissement.
Glissement à gauche d’Oskar Freysinger
Curieusement, Oskar Freysinger a fait le cheminement inverse, au point de se situer désormais moins à droite que le Vaudois. Lors de sa première évaluation, en 2004, il se situait à 7,9. Puis il a progressivement assoupli ses positions pour finir à 6,8 en 2015, soit parmi les députés UDC les moins arc-boutés sur les valeurs conservatrices défendues par le parti. Il faut préciser que le positionnement sur l’échelle gauche-droite est influencé par les thèmes traités, qui varient d’une année à l’autre.
Le Schaffhousois Thomas Hurter se situe au même niveau que le Valaisan. Il a débuté à 7,1 en 2007 et se positionne désormais à 6,9. Il doit assurément sa cote actuelle à son libéralisme, qu’il exprime aussi bien sur les questions économiques que sur les thèmes de société.
Les autres papables sont plus difficiles à identifier. Comme le Conseil des Etats ne peut être analysé que depuis l’introduction du vote électronique en 2014, le Schaffhousois Hannes Germann n’affiche qu’une seule note, et elle est de 6,4, ce qui le situe tout à gauche de l’UDC. Quant au léguiste tessinois Norman Gobbi, son passage éclair au Conseil national entre 2010 et 2011 ne lui vaut qu’une seule évaluation: elle a été de 6,9 et ne reflète que partiellement ses positions politiques.
A titre de comparaison, le président de l’UDC, Toni Brunner, qui a lui aussi durci ses positions au fil des années, est passé de 8,4 en 2004 à 9,8, c’est-à-dire appuyé contre le mur droit de la scène politique, en 2015. On peut conclure de cette analyse que, à l’exception de Thomas Aeschi, aucun des prétendants n’est véritablement un tenant de la ligne la plus dure de l’UDC.
Les révélations de smartvote
L’examen des profils smartvote des candidats montre cependant qu’ils défendent tous une politique migratoire restrictive, avec d’infimes nuances. Thomas de Courten est le plus dur de tous alors que Hannes Germann s’affiche comme le plus modéré. Tous se montrent extrêmement fermés au chapitre des relations avec l’étranger.
On constate en revanche des différences sur les autres thèmes analysés. Thomas de Courten et Thomas Hurter sont les plus libéraux en matière économique. Thomas Hurter, Heinz Brand et Guy Parmelin sont les plus libéraux sur les sujets de société, contrairement à Oskar Freysinger et Thomas de Courten, très conservateurs sur ce plan.
Il faut préciser que, jugeant le questionnaire trop orienté à gauche, Thomas Aeschi et Albert Rösti ont boycotté l’opération smartvote. Aucun profil n’est disponible pour eux. Pour Oskar Freysinger, c’est la toile d’araignée de 2011 qui a été prise en compte. Il n’en existe pas pour lui pour 2015 car il ne sollicitait pas de nouveau mandat au Conseil national.