Thomas Borer: «La Suisse doit réinventer sa neutralité»
Géopolitique
Abonné«L’actuelle neutralité militaire permanente doit être remise en question. Elle n’est pas un but en soi», tranche l’ancien ambassadeur devenu célèbre dans les années 1990 comme chef de la task force sur les avoirs en déshérence

La situation ne manque pas de piquant. En automne dernier, le Conseil fédéral n’a pas suivi Ignazio Cassis, dont le Département fédéral des affaires étrangères (DFAE) avait présenté un rapport prônant une «neutralité coopérative», qui aurait permis une plus grande souplesse dans la réexportation d’armes. Le gouvernement en restait donc à la neutralité telle qu’il l’avait esquissée en 1993. A l’époque, c’est Thomas Borer, jeune diplomate travaillant dans la section responsable du droit international du DFAE – devenu par la suite chef de la task force sur les avoirs en déshérence, ambassadeur de Suisse en Allemagne et aujourd’hui consultant – qui avait rédigé ce rapport. Dans une interview au Temps, ce même Thomas Borer, qui a par le passé conseillé des hommes d’affaires russes comme ukrainiens, plaide aujourd’hui pour une évolution de la neutralité, précisément dans le sens envisagé par Ignazio Cassis.