Toit provisoire pour les requérants du Grütli

Genève La trentaine d’occupants du centre culturel accepte l’hébergement temporaire proposé par la Ville

L’Etat est sommé par la municipalité de prendre le relais

L’inextricable situation des requérants d’asile occupant depuis 17 jours le bâtiment de la Maison des arts du Grütli à Genève n’est pas près de connaître un épilogue. Mais plutôt un sursis estival.

Jeudi, le collectif qui milite contre l’hébergement des migrants en abri PC, a accepté de quitter les lieux avec leurs protégés pour rejoindre la salle du Faubourg, dans le quartier de Saint-Gervais situé au centre-ville. Disposant d’une cuisine et de la possibilité d’aménager des douches, cette salle communale accueillera «jusqu’au 15 août» la trentaine de requérants d’asile – pour la plupart déboutés – qui s’étaient opposés à leur transfert vers les sous-sols de l’abri de la protection civile de la Gabelle à Carouge. Un projet de convention concernant la gestion du lieu a été soumis au collectif de soutien. Il prévoit notamment l’accompagnement d’un travailleur social en journée et d’un agent de sécurité privé la nuit.

L’exécutif municipal peut à nouveau souffler, lui qui concédait ne pas disposer de «plan C» à offrir, les deux locaux d’hébergement temporaires proposés ayant été refusés par le collectif puis par l’Hospice général. Et ce d’autant plus que l’Eglise catholique romaine avait refusé mercredi soir de mettre l’un de ses édifices – le Sacré-Cœur à Plainpalais – à disposition des requérants d’asile.

Approché la semaine dernière par le médiateur et conseiller national écologiste Ueli Leuenberger ainsi que par Viviane Luisier, membre du collectif, l’ex-évêque auxiliaire à Genève, Mgr Pierre Farine, n’a pas trouvé de terrain d’entente avec la municipalité. «Nous leur avions demandé des garanties, notamment financières, visant à couvrir d’éventuels dégâts ou procédures judiciaires. Le montant que la Ville nous accordait [20 000 francs] a été jugé trop bas.»

«Sur les frais judiciaires, la Ville ne peut pas se substituer à un propriétaire», s’est défendu le conseiller administratif Sami Kanaan. Le magistrat et sa collègue Esther Alder n’ont pas manqué de marteler que l’exécutif avait «toléré» l’occupation du Grütli, mais que cela n’était plus possible. L’édile socialiste a également vitupéré contre le Conseil d’Etat, se déclarant «surpris de ne pas recevoir de réponse formelle» du gouvernement genevois quant à la création d’une task force. Si Sami Kanaan a insisté pour rappeler que le canton était seul responsable pour trouver des solutions, Mgr Farine a indiqué, quant à lui, que «l’Eglise n’avait pas à se substituer aux pouvoirs publics».

Contacté, le conseiller d’Etat MCG Mauro Poggia, magistrat de tutelle de l’Hospice général, s’est contenté de «prendre bonne note d’une problématique ne concernant que la Ville de Genève». «Le Conseil d’Etat continue à travailler activement sur la recherche de lieux temporaires d’accueil des migrants», communique laconiquement son département.

Sortie de crise pour le Conseil administratif de la Ville qui n’est pas encore tiré d’affaire. Ses remontrances répétées à l’encontre du Conseil d’Etat attestent de sa fébrilité vis-à-vis d’une situation qui lui a échappé. Selon nos informations, le gouvernement genevois pourrait revenir dans les prochaines semaines avec des solutions d’hébergement permettant aux familles d’être réunies dans un même lieu. Et permettant ainsi aux hommes seuls d’éviter la case «abri PC», considérée par tous les protagonistes comme «inadéquate».

Le canton de Genève s’attend dans les deux prochains mois à l’afflux de 500 nouveaux migrants, et seulement «des dizaines» de départs.

L’exécutif avait «toléré» l’occupation du Grütli, mais cela n’était plus possible