Quatre plans de protection sectoriels ont été mis en ligne par la Confédération vendredi. Ils concernent les magasins de bricolage et de jardinage, les «services impliquant un contact physique», les établissements en libre-service et les inhumations dans le cercle familial. Ils seront appliqués dès lundi et contrôlés par les inspectorats cantonaux du travail.

Celui des transports publics est, lui, en cours d’élaboration. Il doit être prêt pour la réouverture de l’école obligatoire le 11 mai, date à laquelle l’horaire normal sera rétabli partout. Les CFF et CarPostal, comme gestionnaires du réseau ferroviaire et routier, sont à la manœuvre. L’Office fédéral des transports (OFT) veille que tout soit conforme au cadre légal existant et l’Office fédéral de la santé publique (OFSP) surveille que ses recommandations soient respectées.

Recommandation «intégrée et précisée»

Le port du masque ne sera pas obligatoire. L’OFSP recommande toutefois de se recouvrir la bouche et le nez si l’on monte dans un train, un tram, un bus ou un métro bondé, c’est-à-dire aux heures de forte affluence. «Le plan de protection pour les voyageurs et les collaborateurs sera publié d’ici à la fin du mois [ndlr: au plus tard jeudi prochain]. La recommandation de l’OFSP de porter des masques à l’heure de pointe y sera intégrée et précisée», annonce Frédéric Revaz, porte-parole des CFF. L’OFSP ne juge pas nécessaire d’enfiler un masque d’hygiène aux heures creuses.

Les séances se multiplient pour établir ce concept de protection. L’affaire n’est pas simple. Les incertitudes sont nombreuses. A priori, les conducteurs de bus qui ne disposent pas d’une cabine de conduite isolée et sans doute aussi le personnel d’accompagnement seront priés de se protéger le visage.

Risque de conflit entre voyageurs?

Comme le port du masque ne sera pas obligatoire mais recommandé pour les voyageurs aux heures de pointe, quel sera leur comportement? Existe-t-il un risque de conflit entre ceux qui se protégeront contre la dispersion de gouttelettes et les autres? Si oui, qui interviendra? Les passagers se répartiront-ils mieux sur toute la longueur d’un train afin de respecter la distanciation sanitaire?

Et que feront de leur masque ceux qui ont choisi d’en porter un lorsqu’ils seront arrivés à destination? Le laisseront-ils sur la banquette comme c’est souvent le cas avec les journaux gratuits? Sera-t-il possible d’éliminer les protections usagées dans des poubelles fermées?

Une autre question préoccupe les opérateurs régionaux: le port du masque sera-t-il quand même obligatoire pour les élèves, pour qui le respect de la distance sanitaire minimale de 2 mètres sera quasiment impossible à respecter, s’interroge un responsable romand? Tous ces points font partie des discussions en cours.

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Directeur du bureau d’ingénieurs Transitec, Sylvain Guillaume-Gentil s’inquiète de son côté du risque de transfert modal: «La distanciation sociale restera une forte contrainte pour les transports publics. Cela aura un impact très fort sur l’usage de certains véhicules. Le risque existe que l’on se sente plus rassuré dans sa voiture que dans un train, un bus ou un tram», prévient-il. «Nous devrons redonner confiance à nos clients», acquiesce ce responsable régional.

Et dans les téléphériques et télécabines?

Une étude menée en Belgique par le bureau Espaces-Mobilités, qui est encore en cours, donne quelques indications. Avant le confinement, 30% des personnes qui ont déjà répondu se déplaçaient en voiture et 36% en transports publics urbains ou interurbains. Si 45% pensent utiliser autant les transports collectifs à l’avenir que jusqu’à maintenant, 37% pensent moins y recourir. Et 76% de ces personnes mettent en avant le sentiment d’insécurité que leur procure le risque de propagation du virus dans un bus ou dans un train. Le risque d’un usage accru de la voiture semble cependant plus faible (8%) que l’accroissement du télétravail (46%).

Mais il faut rester attentif, estime Sylvain Guillaume-Gentil. «Afin d’éviter des problèmes assez sérieux, il faut actionner le levier du télétravail et jouer les heures creuses contre les heures de pointe», préconise-t-il. «Nous lancerons des appels afin de mieux étaler les déplacements dans la journée et de mieux se répartir dans les trains», confie un responsable de la branche.

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Une solution devra par ailleurs être trouvée par les transports à câbles, qui, à de rares exceptions, n’ont pas de mandat de trafic régional public. Les gens sont souvent collés les uns aux autres dans un téléphérique ou une télécabine. Le port d’un masque pourrait s’imposer. Or, ces moyens de transport sont étroitement liés à la réouverture, très attendue, des restaurants d’alpage. Simonetta Sommaruga doit en parler avec les responsables du tourisme ce dimanche.