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Le Transrun, 14 kilomètres à percer

Relier Neuchâtel à La Chaux-de-Fonds suppose un vaste chantier devisé à 830 millions

Le RER-Transrun sera le chantier du XXIe siècle pour le canton de Neuchâtel. Selon un sondage à paraître ce mardi dans les médias neuchâtelois, le oui progresse et devrait l’emporter le 23 septembre, avec près de 50% des voix, contre un tiers d’opposants et près de 20% d’indécis. En mai, un précédent sondage donnait 43,2% de oui et 38,4% de non.

Le chantier est un défi technique. Il s’agit de construire, pour un devis de 830 millions, 14 kilomètres de nouvelle ligne ferroviaire, dont 12 en tunnels, sous Chaumont et La Vue-des-Alpes, dans des couches calcaires plissées, des karsts et des circuits d’eau. Le Transrun part de la gare de Neuchâtel, quai 4, direction Bienne. Après quelques centaines de mètres, «il plonge d’une dizaine de mètres et effectue un virage souterrain vers l’ouest, de 900 mètres de rayon. Un contour plus large aurait conduit à la faille géologique de Fontaine-André», explique Eric Pointet, ingénieur EPFL, responsable des études techniques que les CFF ont «louées» au Transrun. Sa carte de visite est solide. Il a notamment contribué au doublement de la voie Salquenen-Loèche (devis: 239 millions; facture: 231) et au tunnel de Vauderens (84 millions au devis, 71 à la facture).

Le tunnel est ensuite rectiligne avec une pente de 4,6%. «L’exigence était de rester sous les 5%, précise le directeur de Transrun, Patrick Vianin. Avec les rames de type Flirt ou similaires qui seront affectées, une telle pente ne pose aucun problème, même au freinage à la descente.»

A la sortie du tunnel après la piscine d’Engollon, où il a fallu éviter de raser un petit bois, la ligne suit le terrain jusqu’à la gare de Cernier. Dans le second tunnel de 5,7 kilomètres, un secteur pourrait poser problème, aux Convers. Un puits sera creusé, «pour aller voir sur place et utiliser les bons outils pour le percement», dit Eric Pointet.

Une dizaine de sondages géologiques, par carottages, ont été réalisés sous Chaumont. «Si c’est oui le 23 septembre, d’autres sondages seront effectués, explique Patrick Vianin. Nous nous sommes jusqu’ici limités à ceux qui étaient strictement nécessaires à l’avant-projet.» «On connaît déjà bien le sous-sol de La Vue-des-Alpes», ajoute Eric Pointet, précisant que les sondages «ont confirmé ce qu’on savait». Des pétroliers avaient scruté le contenu des monts neuchâtelois.

Les tunnels seront percés en grande partie par deux tunneliers. Ils démarreront par la galerie de secours, «pour voir précisément ce que trouvera ensuite le tunnelier principal». Ils partiront au début de 2017 de Neuchâtel et monteront en direction de La Chaux-de-Fonds. Ils évacueront 1,5 million de m3 de matériaux, acheminés sur tapis roulant à travers les tunnels jusqu’à Neuchâtel, puis emmenés par train vers des cimenteries.

Les travaux dureront six ans. Les ingénieurs ont renoncé à percer les deux tunnels en même temps, avec un double front d’attaque à Neuchâtel et à La Chaux-de-Fonds. Cela aurait pourtant permis de gagner une année. «Le coût aurait été supérieur et nous aurions eu des problèmes d’évacuation des matériaux», justifie Eric Pointet.

Des 830 millions prévus pour construire le Transrun, 103 seront affectés aux besoins ferroviaires classiques (lignes de contact, etc.), 551 au génie civil (200 millions pour le tunnel de Chaumont, 186 pour celui sous La Vue-des-Alpes et 35 millions pour la portion du Val-de-Ruz) et 175 pour les «divers», dont une centaine de millions d’honoraires.

Les ingénieurs ont inclus dans le budget un compte «risques et opportunités», avec un montant de quelque 55 millions. «Notre étude montre que la probabilité de nous en tenir à 830 millions est de 90%», disent en chœur Eric Pointet et Patrick Vianin. Les expertises indépendantes et celles des CFF arrivent au mêm e résultat.

«La probabilité de nous en tenir à 830 millions est de 90%»