Pensions
«J'y ai droit». Treize ans après avoir renoncé à la rente due aux anciens conseillers fédéraux, le milliardaire exige sa pension, avec tous les arriérés. La Chancellerie a confirmé que le gouvernement était d'accord de lui verser 2,77 millions de francs

Il avait en 2007 rejeté cette rente, suivant les principes de l'UDC selon lesquels une personne qui peut subvenir à ses besoins ne doit pas avoir recours à l'Etat. Coup de théâtre cette semaine: Christoph Blocher exige rétroactivement sa pension d'ancien conseiller fédéral, avec les arriérés. Le gouvernement a accédé à sa demande, a indiqué vendredi la Chancellerie, confirmant des informations de plusieurs médias, dont la Schweiz am Wochenende ou encore la Luzerner Zeitung. Le communiqué de la Chancellerie, qui confirme une somme totale de 2,7 millions de francs, a été rédigé avec son accord explicite.
Lire aussi notre éditorial: Le cirque est en ville mais chut!
«J'y ai droit»
L'ancien homme d'affaires et ex ministre a siégé quatre ans au gouvernement, de 2003 à 2007. Il a donc rempli la condition légale d'être resté en fonction 4 ans au moins, ce qui lui donne droit à une rente pleine. Celle-ci se monte à 50% de son salaire de ministre. La loi prévoit que les magistrats à la retraite ne doivent pas gagner plus que leurs collègues en fonction, rappelle la Chancellerie, ils doivent rétrocéder à la Confédération ce qu'ils gagneraient de plus qu'un magistrat en place.
Après sa spectaculaire et inédite éviction par le parlement en décembre 2007, Christoph Blocher, prévoyant de dépasser la limite de revenu prévue, en raison de ses importants revenus, était parti du principe qu'il ne toucherait pas de rente d'ancien conseiller fédéral (elle se montait à l'époque à 208 000 francs). Il ne renonçait pas spontanément à une rente. S'il y avait droit, il réfléchirait bien avant d'en faire cadeau à l'Etat, avait-il alors déclaré. Il avait précisé qu'il donnerait plutôt cet argent à quelqu'un dont il savait ce qu'il en ferait.
Christophe Blocher a donc aujourd'hui changé d'avis. «Tout ancien conseiller fédéral a droit à une rente, a-t-il déclaré hier, cité dans l'Argauer Zeitung. Depuis que j'ai quitté le Conseil fédéral en 2008, j'ai dit: je n'ai pas besoin de cet argent pour le moment. Mais maintenant, j'ai 80 ans, c'est le moment pour moi de toucher cette pension». On ne sait pas ce qui a poussé le très riche homme d'affaires à réclamer son dû aujourd'hui. «Je n'ai pas à justifier cela. J'ai droit à cette pension. À l'âge de 80 ans, vous devriez bénéficier des avantages auxquels vous avez droit.»
2,77 millions de francs en une seule fois, puis un peu moins de 20 000 CHF par mois
Sauf nouveau coup de théâtre, Christoph Blocher va d'abord toucher 2,77 millions de francs en une seule fois, puis le montant normal de sa pension, soit un peu moins de 20 000 CHF par mois. Le Conseil fédéral verse des rentes à actuellement 20 anciens conseillers fédéraux, écrit le site Watson.ch, pour un montant total de 4,5 millions francs.
Les montants que va toucher le milliardaire font beaucoup réagir sur les médias sociaux, alors que la crise du coronavirus va coûter cher au pays.
Ich lach mich gerade schlapp über die SVPler, die Blocher immer als Heiligen hingestellt haben, weil er doch grossmütig auf seine Rente verzichtet.
— Susanna Oberli (@Akadierin) July 3, 2020
Im Amt mit Steuerreformen die eigenen Taschen füllen, pensioniert die Steuerzahlerin direkt abzocken. Immerhin haben sie eine klare Linie, die Multimilliardäre der SVP.
— Cédric *blingbling* Wermuth (@cedricwermuth) July 3, 2020
P.s Und klar: Gerade in der Krise ausrufen, die Leute sollen gefälligst für sich selber schauen. Die anderen.
La situation est complètement inédite. Le Conseil fédéral n'avait jamais eu à traiter d'une telle demande, explique encore la Chancellerie. Signe que le gouvernement a été pris au dépourvu, il l'a chargée, ainsi que le Département fédéral de justice et police (DFJP), de définir comment il pourrait à l'avenir être évité qu'une rente puisse être recouvrée de façon rétroactive. Si une adaptation de la loi ou de l'ordonnance est nécessaire pour ce faire, le Conseil fédéral transmettra un message en ce sens au Parlement.
Encore un bémol, de taille
Une condition néanmoins demeure, même après l'accord du Conseil fédéral, la délégation financière du Parlement doit également donner son feu vert.