Le Tribunal Fédéral a tranché: le recours des associations de protection de la nature contre le cœur du complexe Aminona Luxury Resort and Village (ALRV) est irrecevable. Après cinq ans de procédures, la première partie du chantier russe va démarrer: 800 lits répartis dans une quinzaine d’immeubles, tandis que le «village» dans son ensemble en comptera 1100 pour 650 millions de francs. «Les travaux pourraient commencer au printemps 2013», évalue Stéphane Pont, président de Mollens, et la construction pourrait être réalisée en trois ans, selon ALRV.
Le WWF Suisse, La Fondation pour la protection et l’aménagement du paysage et l’association Patrimoine suisse contestaient la légalité de certaines procédures. Le Tribunal a jugé leurs arguments irrecevables, notamment parce qu’«ils ne s’en prennent qu’à des questions procédurales et ne font pas valoir d’atteinte à la protection de la nature et du paysage», et qu’ils n’ont pas recouru contre le plan de quartier au moment de sa mise à l’enquête en 2005. «A cette époque, nous ne pouvions pas nous douter qu’un tel projet verrait le jour et nous attendions qu’un dossier de cette importance soit inclus dans un plan directeur cantonal, ce qui n’a pas été fait», justifie Pierrette Rey, porte-parole du WWF.
Le recours avait en fait déjà perdu son fondement en décembre 2011. Il s’appuyait avant tout sur le fait que la zone concernée était répertoriée à l’Inventaire fédéral des prairies et pâturages secs. Mais le Conseil fédéral a décidé de radier ce périmètre de l’ordonnance fédérale pour le remplacer par un autre dans la même commune. Les associations ont dès lors dû abandonner cet argument. «Nous avons été très surpris par la rapidité avec laquelle la parcelle a été retirée de l’Inventaire fédéral, souligne Pierrette Rey. C’est inédit et je ne l’explique pas. Je peux simplement dire qu’il y a visiblement beaucoup d’intérêts en jeu.»
D’autres procédures sont en cours pour différents quartiers du «village» russe. Les tours de la zone 1 ont été homologuées par le Conseil d’Etat en mars 2012. L’autorisation de construire devrait être délivrée cet automne, mais les associations écologistes s’y opposent. A la même période, le Tribunal cantonal devrait rendre son jugement au sujet d’un recours pendant contre les chalets de la zone 3.
«Pour l’heure, nous ne savons pas si nous allons poursuivre nos oppositions, explique Pierrette Rey. Ce jugement du TF est surprenant, alors que personne ne peut contester que ce projet aura un impact considérable sur le paysage et la nature. Nous devons réfléchir à ce que nous allons faire maintenant.»
Nouvelles inquiétudes
A Mollens, on se réjouit. Aminona a besoin d’une nouvelle concession pour sa télécabine et les promoteurs ont promis d’investir dans sa rénovation dès le démarrage du chantier. Pourtant, Stéphane Pont ne crie pas victoire. «L’investisseur doit maintenant lancer les appels d’offres et attribuer les travaux, s’il entend toujours les entreprendre, explique-t-il. Il nous incombera de vérifier que les chantiers se déroulent en conformité avec les autorisations de construire.» Une lourde tâche pour une petite commune qui n’a jamais connu de projet de cette envergure.
Les inquiétudes viennent aussi des difficultés financières rencontrées par les promoteurs. Mirax, première société associée à Aminona, a fermé boutique en 2011, laissant de nombreux projets inachevés dans le monde. Aujourd’hui, ce sont les mêmes investisseurs qui s’apprêtent à construire via un fonds luxembourgeois et sous couvert d’une autre société au nom «difficilement prononçable», décrit Stéphane Pont. La commune a donc exigé qu’une garantie de 10 millions soit déposée avant le début des travaux. «Elle servira à remettre les terrains en état s’il devait y avoir un problème», explique le président. «ALRV n’a aucun lien avec les projets de la société Mirax», assure de son côté la société par e-mail et via une agence de communication. «Nous honorerons les engagements prévus ainsi que toutes les œuvres sociales de sponsoring auxquelles nous tenons beaucoup.»