A midi, à la sortie du tribunal, l’expression de soulagement de Théo et de Bastien est brève. Ils tiennent plutôt à dénoncer les politiques migratoires européennes. «La question de fond, ce sont les raisons politiques, économiques et climatiques des migrations. Le capitalisme et son histoire en sont la cause», résume Bastien sous les applaudissements. «Je suis un délinquant solidaire en bande organisée», arbore sur un écriteau une grande partie des personnes mobilisées.
«Délit de solidarité»
Toute la matinée, les avocats de la défense ont critiqué l’objet même du délit. «Délit d’humanité» pour Me Yassine Djermoune. «Délit de fraternité» pour Me Henri Leclerc, ténor du barreau et militant des droits de l’homme. «C’était une manifestation pour aider des gens à ne pas mourir. Je ne comprends pas pourquoi ces gens comparaissent devant un tribunal correctionnel», a plaidé Me Philippe Chaudon. Depuis début mai, trois corps de migrants ont été découverts à cette frontière alpine.
Une nouvelle mobilisation est déjà annoncée à Gap le 8 novembre. Dans les Hautes-Alpes, l’Etat renforce les moyens de contrôle de la frontière, tout en laissant les citoyens et les collectivités gérer seuls la situation humanitaire.
Les deux Genevois et l’Italienne avaient été arrêtés à la suite d’une marche de l’Italie à la France le 22 avril, à laquelle participaient des migrants. Elle répondait à la présence de militants d’extrême droite dénonçant un prétendu laxisme en matière de migration. Poursuivis pour «aide à l’entrée d’étrangers en situation irrégulière sur le territoire national et en bande organisée», les «trois de Briançon» risquent jusqu’à 10 ans de prison et 750 000 euros d’amende. Ils avaient fait l’objet d’une détention provisoire, jugée illégitime par les associations de défense des droits de l’homme. Le 3 mai, le tribunal de Gap lui substituait un contrôle judiciaire strict.