Jura
Le Jura élit dimanche son gouvernement pour les cinq prochaines années. Le sortant socialiste Michel Thentz, le chrétien-social David Eray et le PDC Martial Courtet se disputent deux fauteuils

Il n'y a eu aucun élu au terme du premier tour des élections cantonales jurassiennes du 18 octobre. Six candidats sont en lice dimanche prochain pour les cinq sièges de l'exécutif. La réélection du PDC Charles Juillard et l'élections des nouveaux socialiste Nathalie Barthoulot et PLR Jacques Gerber fait peu de doute.
Lire. Le siège du socialiste jurassien Michel Thentz vacille
Arrivés aux 4e, 6e et 7e rangs du premier tour, le PDC Martial Courtet, le socialiste sortant Michel Thentz et le PCSI David Eray sont en lutte pour les deux places restantes.
Martial Courtet, le nouveau Jean-François Roth?
Le hasard du calendrier politique et l’opportunisme conduiront Martial Courtet au gouvernement jurassien. En début d’année, installé depuis peu à Delémont, le jeune président du PDC (39 ans) tâte le terrain pour briguer la place de colistier de Jean-Paul Gschwind au Conseil national.
Puis survient la démission surprise de Pierre Kohler de la mairie de Delémont. Le PDC n’a pas de candidat. Président cantonal, Martial Courtet refuse d’abandonner le poste sans combattre. Il s’y lance, sans prétention. Mais réalise un excellent score au premier tour, se classant au second rang.
Les tireurs de ficelles PDC le forcent à se retirer afin de laisser le champ libre au « fils spirituel » de Pierre Kohler, le PCSI Damien Chappuis. Martial Courtet ne cache pas son désarroi. Pas longtemps, car le voilà propulsé sur la liste PDC au gouvernement, évinçant sans vergogne d’autres prétendants. Il mène un duel interne à couteaux tirés face à son colistier Gabriel Willemin et le bat pour 326 voix.
Gendre idéal, Martial Courtet séduit parce qu’il dit regarder plus loin que les soucis du moment. D’aucuns voient en lui le nouveau Jean-François Roth, dont il a obtenu le soutien. Le benjamin des candidats bafouille pourtant lorsqu’on l’interroge sur le budget cantonal 2016.
Michel Thentz, l'actuel président du gouvernement est en danger
L’horticulteur morgien venu vivre dans le Jura il y a trois décennies fut l’étoile montante socialiste en 2010. Président de parti, il a redonné un second siège gouvernemental au PS qui l’avait perdu en 2006.
Le militant offensif revêt alors l’habit ministériel, prenant du recul et s’isolant. Tout l’inverse de sa collègue Elisabeth Baume-Schneider qui passe beaucoup de temps au téléphone, maintenant ainsi le contact avec la base. Ministre de la Santé, des affaires sociales et des communes, Michel Thentz estime avoir un bon bilan.
Malheureusement méconnu et raillé par ses adversaires. « On me reproche de faire le job, c’est un comble ! Voyez l’accueil des gens du voyage. Rien n’a été fait pendant vingt ans. Même si cela a suscité des critiques, j’ai transmis une proposition au parlement », justifie-t-il.
Peu soutenu hors de la gauche, Michel Thentz, 57 ans, a déçu les siens en se montrant collégial avec le programme d’économies Optima. Il voit, dans son sixième rang du premier tour, un carton jaune mais pas un mouvement pour l’éjecter. La déception passée, il affiche une grosse motivation à poursuivre son travail, certainement à la tête du même département, ne serait-ce que pour assurer une continuité gouvernementale, qu’il est le seul avec Charles Juillard à garantir.
David Eray, le seul franc-montagnard
Il avait, au départ, très peu de chance de redonner un siège gouvernemental au PCSI. Trop peu connu, sans réseau électoral, avec la casserole d’avoir failli empêcher la réélection de Charles Juillard en 2010 pour lui avoir reproché sa mauvaise gestion de la police, David Eray avait de surcroît le double tort de tergiverser lorsqu’on lui demandait de se positionner entre la gauche et la droite, et implicitement de ne pas avoir d’amis électoraux.
Ce père de famille de 42 ans a eu le cran de s’accrocher, de mener une astreignante campagne de terrain tout au long de l’été, de miser sur son parcours professionnel dans l’industrie horlogère, alors que les autres candidats sont tous de hauts fonctionnaires.
David Eray, 42 ans, a certes terminé au septième rang du premier tour, avec un passif de près de 900 voix sur le 6e Michel Thentz. La configuration du second tour le rend pourtant éligible, pas tant pour sa personnalité ou son programme, mais parce qu’il est le seul Franc-Montagnard en lice et parce qu’il s’est assis aux côtés de la droite, prônant le multipartisme au gouvernement et davantage s’assise parlementaire. Autant « d’équilibres » - c’est son slogan – susceptibles de séduire l’électorat.