Un mois plus tôt, un séquoia du quai d'Ouchy avait été fendu par la foudre, avant d'être aussi effacé du paysage. Tout près de là, dans le parc du Denantou, c'est un autre cèdre qui avait été foudroyé en juin. Cet arbre reste en observation. Mais selon l'avis de santé du Service communal des parcs et promenades, il succombera probablement. Il a déjà été amputé de la moitié de sa flèche supérieure. Le déséquilibre dont il souffre depuis devrait lui être fatal.
Chef du bureau d'études des Parcs et promenades, Pierre Sterchi craint que la canicule n'implique de nouveaux ravages: «Les essences des parcs ont un enracinement assez profond pour tenir encore une semaine, mais si la chaleur devait persister, cela deviendrait préoccupant.» Selon le spécialiste, ce sont les arbres du domaine forestier de la ville qui ont le plus à redouter du climat: «Depuis 1976, ils reçoivent trop d'eau en hiver, et souffrent de sécheresse en été.» Diagnostic de Pierre Sterchi: «Le stress qu'ils en retirent est défavorable à leur développement.»
Le magnifique cèdre bleu de l'Elysée avait déjà essuyé la foudre il y a six ans, ce qui avait nui à son ramage. Evalué entre 70 et 120 ans faute de documents historiques précis, son âge exact ne sera connu qu'après l'examen de sa souche. «La ville a perdu un arbre majestueux, mais qui était de toute façon en train de péricliter», observe Pierre Sterchi. Le conifère sera remplacé par une autre essence, mais pas forcément sur le même emplacement. Car la disparition de ce cèdre bleu de l'Atlas ne dérangera pas l'harmonie du parc de l'Elysée: il avait été planté «à l'anglaise», c'est-à-dire asymétriquement. Alors Pierre Sterchi se fait philosophe pour considérer que Lausanne gagne un coin de ciel avec cette perte: la vue du parc de l'Elysée sur le Léman s'est étendue.