Publicité

Troisième voie: Vaud et Genève diront leur irritation ensemble

Les deux gouvernements se sont rencontrés mercredi soir. Ils défendront en commun le dossier de troisième voie CFF. Sans envisager de fonds d'infrastructure intercantonal.

Maigre moisson pour la rencontre intergouvernementale valdo-genevoise de mercredi. Pour leur première réunion in corpore depuis les élections genevoises, les deux Conseils d'Etat ont surtout décidé de se serrer les coudes. Notamment dans le dossier de la «3e voie», que les autorités des deux cantons espèrent voir construite par les CFF entre leurs chefs-lieux respectifs. Les interventions seront systématiquement faites en commun, au nom des deux cantons, qui rappellent leur «irritation» à l'égard de la Confédération.

Vaud et Genève espèrent ainsi faire plier les CFF. Ces derniers n'ont pas prévu, pour l'heure, d'intégrer la 3e voie dans leurs investissements pour la période 2012-2030. Après avoir réagi en ordre dispersé au printemps, les deux cantons espèrent que leur front commun fera pencher la balance.

La Confédération doit payer

Et l'idée d'un fonds intercantonal pour financer les infrastructures essentielles au développement de la région? «Nous en avons également parlé», répond simplement le président du Conseil d'Etat vaudois, Pascal Broulis. Son collègue aux infrastructures, François Marthaler, est plus précis: «Nous nous sommes surtout demandé d'où était sortie cette idée.» Car pour l'écologiste, comme pour l'ensemble des deux gouvernements, un tel fonds n'a simplement aucun sens: une amélioration du tronçon Lausanne - Genève relève du trafic grandes lignes, et doit donc être pris en charge au niveau de la Confédération.

Un fonds d'infrastructure valdo-genevois n'aurait une chance que dans un second temps, lorsque d'éventuels investissements accessoires devraient être concédés par les cantons. Pas question donc de perdre du temps sur le sujet tant que le dossier n'aura pas avancé à Berne, et que Vaud et Genève n'auront pas une idée des coûts à prévoir. D'autant que la gestion d'un fonds à cheval sur deux cantons ne serait pas une mince affaire, remarque un fonctionnaire vaudois. Si les difficultés techniques, notamment la clé de répartition des charges, pourraient être surmontées, il reste encore à prouver la faisabilité politique d'un fonds, mode de gestion de plus en plus décrié par les grands argentiers.

A ce jeu-là, l'Arc lémanique a pourtant déjà perdu des décennies. Car le retard pris par le dossier, et la frilosité actuelle des CFF, est déjà le fruit de cet attentisme. Si les deux cantons ont raison d'un point de vue strictement contractuel - la troisième voie relève des grandes lignes, et doit donc être prise en charge à l'échelle de la Confédération- l'expérience a montré que les CFF sont toujours mieux disposés à l'égard de partenaires volontaristes.

Relations à petits pas

La région zurichoise l'a compris depuis les années 1970. Plusieurs milliards de francs ont été débloqués par les communes et les cantons de la région, décrochant ainsi des investissements importants de la part des CFF. A une plus petite échelle, le canton du Jura a su nouer un partenariat efficace avec l'ancienne régie: en investissant 3,7 millions en 2005 pour aménager les gares de la ligne Porrentruy - Delémont, le canton a obtenu 6,15 millions de francs des CFF, qui y font circuler de nouvelles rames «Flirt» plus rapides.

En matière de relations intercantonales, Vaud et Genève ont choisi les petits pas, remarque Pascal Broulis. Loin du fiasco de l'ambitieux «livre blanc», qui devait inaugurer des relations fructueuses en 1999. Mort-né, le projet imaginait déjà un embryon de fonds d'infrastructure.