Mais sans s’éviter totalement un débat difficile au parlement. Ueli Maurer espère une entrée en vigueur en 2017. Déjà, le PDC dénonce une absence totale de stratégie de cyberdéfense. Alors que le PS et les Verts lui reprochent un plan qui anticipe les conclusions du rapport de sécurité à paraître en 2016.
Mais le conseiller fédéral UDC, malgré son échec pour l’achat du chasseur suédois Gripen, a emporté une victoire non négligeable. Il a pu imposer un plafond de dépenses sur quatre ans de 19,5 milliards. Soit pratiquement les 5 milliards par an que les Chambres fédérales réclamaient. Le Conseil fédéral a fini par céder.
Pour le reste, c’est une armée en nette voie de rétrécissement qui sort des cartons du Département de la défense (DDPS). Avec un effectif réglementaire de 100 000 hommes au lieu de 200 000 actuellement, c’est bien plus que les 50 000 que voulait la gauche, mais moins que les 140 000 défendus par l’UDC. Toutefois, les effectifs réels seront de 140 000 hommes, une marge de manœuvre qui doit assurer que les corps de troupes soient au complet lors des cours de formation. Ce qui a fait bondir le PS.
La réduction des jours de service ne devrait pas déplaire à l’économie, qui se plaint régulièrement de la mobilisation de sa jeune main-d’œuvre qualifiée: les écoles de recrues passent de 21 à 18 semaines, les cours de répétition de 18 à 13 jours, soit deux semaines. 225 jours de service pour une carrière de soldat au lieu de 260. Cinq millions de jours de service par an au lieu de 6 millions. Et il n’y aura plus que deux écoles de recrues par année.
Cela permettra au DDPS de se séparer d’un tiers de son parc immobilier et donc de réduire ses coûts d’exploitation. Le nouveau concept de stationnement, que le Conseil fédéral doit encore adopter définitivement, prévoit en effet la fermeture de trois aérodromes, de sept places d’armes et de diverses infrastructures de combat.
Malgré des résistances en Valais et dans le canton de Vaud, l’aérodrome de Sion sera fermé, a confirmé Ueli Maurer, de même que la caserne de Moudon. Les Vernets à Genève, La Poya en ville de Fribourg et Saint-Maurice sont les autres lieux touchés en Suisse romande. L’armée supprimera aussi son artillerie de forteresse et ne devrait pas remplacer la mise à la retraite de chars Leopard ou d’obusiers blindés.
Ueli Maurer a aussi confirmé que l’achat de nouveaux avions, et le remplacement progressif des actuels F/A 18, qui seront remis à niveau, n’interviendrait pas avant 2025.
Alors que le projet prévoyait de donner la priorité à l’appui aux autorités civiles, le message met désormais les trois tâches – défense, appui et opérations de la paix – sur un pied d’égalité. La Société suisse des officiers et le groupe conservateur Giardino s’étaient farouchement opposés à la perspective d’une armée «bonne à tout faire» des civils. Plus question de parler de personnel auxiliaire, mais de troupes formées, bien équipées et prêtes au combat comme à l’aide en cas de catastrophe ou de crise, a précisé Ueli Maurer.
Seule véritable nouveauté, le message évoque la nécessité de pouvoir mettre à disposition des autorités civiles jusqu’à 35 000 hommes en cas d’urgence. Ueli Maurer veut d’ailleurs revenir à la mobilisation par échelon en faisant appel d’abord aux militaires de carrière, puis aux soldats en service long, avec un équipement spécifique réservé dans les arsenaux. Par ailleurs, l’organisation prévoit une meilleure implantation régionale par le biais de quatre divisions territoriales disposant de bataillons d’infanterie, de sauvetage et de génie.
A l’exception de l’UDC, qui veut accroître encore les moyens financiers, le programme de développement de l’armée ne convainc pas les partis. Le PLR exige une analyse plus détaillée des menaces. Au PS, le conseiller national Pierre-Alain Fridez dénonce à la fois l’absence de concept et la forte augmentation des moyens, sans mise en perspective avec le futur rapport de politique de sécurité ou l’éventuelle participation à une architecture européenne de sécurité.
Denis Froidevaux, président de la Société suisse des officiers, est plus mitigé. Il salue la possibilité d’étaler l’enveloppe budgétaire sur plusieurs exercices et l’amélioration de la disponibilité. Mais regrette que les objections des officiers sur la trop courte période des cours de répétition, l’assurance d’un financement annuel de 5 milliards ou la mise à disposition des Forces terrestres d’au moins trois brigades robustes au lieu des deux prévues n’aient pas été prises en compte. Quant à l’ASIN, elle estime inutile toute modification de la loi sur l’armée.