Ueli Maurer s’est présenté aujourd’hui devant les médias comme le seul représentant de l’UDC au Conseil fédéral. Il a réaffirmé que son but restait de faire de l’armée suisse «la meilleure du monde». «Mais cela prendra des années.»

UDC mais pas trop

La liste des problèmes que le nouveau ministre de la défense a recensés sonnait comme un écho aux exigences posées la veille par son parti. Le Zurichois s’est distancé de l’UDC sur deux points. Les engagements de l’armée à l’étranger ont été décidés par le parlement et le conseiller fédéral s’y plie.

Pas question non plus de supprimer le poste de chef de l’armée. Ce serait créer un nouveau chamboulement, alors qu’une «certaine fatigue par rapport aux réformes est évidente». Ueli Maurer ne veut pas lancer de nouveaux grands chantiers mais «éliminer les insécurités, augmenter l’efficacité et économiser les coûts».

Hiérarchie à élaguer

Car la «vue d’ensemble s’est évanouie et les forces se sont éparpillées». Les différentes réformes de ces dernières années se sont traduites par plus de 1000 projets en cours. Comme son parti, Ueli Maurer s’est indigné que parallèlement à la réduction de la troupe à 120 000 militaires, les états-majors aient gonflé de 40%.

Il s’agira donc d’élaguer dans la hiérarchie, par exemple en réunissant l’état-major de planification de l’armée et celui du chef de l’armée. Exit aussi la Direction de la politique de sécurité qui sera intégrée dans l’Etat-major du Secrétariat général du Département fédéral de défense (DDPS).

Logistique à consolider

Les moyens libérés en termes de finances et de personnel pourront être transférés à la consolidation de la logistique, qui prendra quatre à cinq ans. Le ministre de la défense a constaté de grands problèmes à ce niveau.

Pas moins de 600 programmes informatiques cohabitent. Il s’agira de les réunir en une seule plateforme. Plus important encore: éviter les conséquences néfastes de la suppression de 2000 emplois dans le domaine logistique. Faute de coordination, il n’est parfois plus possible de livrer les munitions.

Prêts au combat ?

Le conseiller fédéral n’a pas été jusqu’à estimer comme l’UDC que l’armée n’était plus prête au combat. Mais il a reconnu que seuls cinq bataillons sur vingt pourraient être engagés sans délai. «Il faudrait attendre jusqu’à 15 ans» pour que tous soient sur pied de guerre.

Fidèle à l’esprit de milice, Ueli Maurer veut que, dès 2010, l’instruction de la troupe soit de nouveau le fait des sous-officiers et lieutenants. Question finances, il va introduire une nouvelle réflexion afin que toutes les demandes soient désormais présentées avec leurs coûts totaux.

Passion et ouverture

Pour éliminer la liste des lacunes constatées, un document de 50 pages, le Zurichois veut agir avec «passion». Et il attend aussi de la passion de la part de ses collaborateurs, «pas seulement de la précision et un fort engagement».

Pas question toutefois de jouer le père fouettard, ni de pointer du doigt un responsable des lacunes. Ueli Maurer veut agir dans «l’ouverture, la confiance, la transparence et l’honnêteté». Il souhaite être confronté aux critiques, raison pour laquelle il a créé à un organe interne de contrôle.

Les premières décisions prises par le ministre en poste depuis janvier ne visent en outre pas la rupture. «J’ai élargi le champ d’élaboration du rapport sur la politique de sécurité afin de susciter une large discussion et d’obtenir si possible un consensus».

Idem pour le renvoi de la décision sur l’achat de nouveaux avions de combats. Ueli Maurer a en outre opté pour la continuité lorsqu’il a désigné les chefs de l’armée, des services de renseignement et des Forces aériennes.