C'est en effet se ficher du bon peuple que d'accumuler 20 008 pages, soupesées par quatre juges d'instruction, pour parvenir à la conclusion que tous les chefs d'inculpation de Paul Grossrieder reposent sur du vent.
De deux choses l'une: ou la justice fribourgeoise est incapable de mener une enquête rigoureuse contre un haut gradé de la police, ou, et cette thèse n'a jamais été sérieusement examinée par les autorités, le corps de police fribourgeois sait admirablement resserrer les rangs en cas d'attaque contre l'un des siens afin d'échapper à la remise en question de pratiques troublantes difficiles à vérifier.
L'affaire Grossrieder, partie sur les chapeaux de roue, s'est dégonflée. Elle laisse cependant un goût d'inachevé. Non pas sur le fonctionnement de la justice, critiqué et décrit en détail par le rapport Piquerez-Cornu publié par le gouvernement, mais sur celui de la police. «Je ne peux pas dire qu'il n'y a pas de problèmes dans la police», a affirmé mardi le conseiller d'Etat Claude Grandjean. Pour s'en convaincre, le seul moyen consiste à rendre public l'entier du rapport Ott, et non pas trois petites pages d'annexes a priori guère significatives. La crédibilité de la police en dépend, au moment où Paul Grossrieder prépare de nouvelles attaques contre le commandant de la police cantonale.
W. B.