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Surnommé le «crowdwork», le travail réalisé via une plate-forme numérique réunit toujours plus de personnes, selon une étude de Syndicom parue ce jeudi, et qui alerte sur ce bon moyen de réduire «les coûts fixes et les responsabilités sociales» pour les entreprises

Le «crowdwork», ou travail réalisé via une plate-forme numérique, est bien plus répandu en Suisse qu'on ne le croyait jusqu'ici, a annoncé jeudi le syndicat Syndicom. Il est exercé par 18% de Suisses, soit un million de personnes, tandis que 32% ont déjà cherché ce type d'emploi.
Ce sont les résultats de la première étude représentative du crowdwork en Suisse, menée au niveau européen par une haute école et un institut de recherche. Près de 2000 Suisses âgés entre 16 et 70 ans ont participé au sondage, financé notamment par Syndicom et la fondation sovis.
Une occupation qui peut être qualifiée
Ainsi, selon l'étude, les crowdworkers s'adonnent le plus souvent à différents types de crowdwork. Ce travail peut inclure aussi des tâches qui exigent une qualification élevée, comme des prestations juridiques, comptables, informatiques ou des métiers créatifs.
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La forme de crowdwork la plus souvent recherchée correspond à des activités qui peuvent être exécutées à domicile depuis son propre ordinateur, via des plates-formes en ligne telles que Upwork. 79% cherchent du travail dans cette catégorie.
Mais travailler via une plate-forme en ligne ne signifie pas nécessairement rester à son domicile: 76% des sondés indiquent vouloir travailler pour plusieurs clients en dehors de chez eux - par exemple pour un service domestique comme Handy. De plus, 68% cherchent du travail chez des prestataires de livraison ou de transport, comme Uber dans le domaine des taxis.
Un phénomène développé au Tessin
Pour un quart des personnes interrogées (26%), le crowdwork représente au moins la moitié du revenu. Et 12,5% affirment qu'il constitue leur seule source de revenu: ceci correspond à quelque 135'000 personnes en Suisse, avec une proportion quasi égale de femmes et d'hommes.
Le crowdwork se concentre surtout au Tessin, mais on le trouve aussi bien représenté à Zurich et dans son agglomération. Il est moins répandu en Suisse orientale, précise le communiqué.
Les syndicats dénoncent un risque d'abus
Selon Syndicom, l'importance grandissante du crowdwork en Suisse implique de nouveaux défis socio-politiques. Ces personnes risquent alors «de se retrouver sans sécurité sociale», affirme-t-il.
En effet, les grandes entreprises font toujours plus souvent recours au crowdwork «pour réduire les coûts fixes et leurs responsabilités sociales», dénonce le syndicat. «De plus, ces crowdworkers ne disposent pas de droits collectifs de travail».
Pour Syndicom, il faut leur garantir des droits collectifs de travail ainsi que des droits aux assurances sociales. Le syndicat appelle notamment à mettre en place «des systèmes de certification» et à ce que les entreprises assument leurs responsabilités sociales.