En théorie, il n'y a là rien de nouveau. Armée XXI, qui devait au départ disposer d'un budget de 4,3 milliards de francs par an, se voit allouer aujourd'hui une enveloppe de 3,7 milliards de francs. En pratique, toutefois, le document présenté la semaine dernière à la Commission de sécurité du National a certainement secoué les esprits de certains élus à la veille de la session.
Etait-ce le but? Ce rapport, selon la SonntagsZeitung, souligne notamment que le fonctionnement de l'institution est si coûteux qu'il manque de l'argent pour les investissements nécessaires. Par conséquent, l'armée ne serait plus capable de remplir ses missions en cas de situation critique. Et ce durant plusieurs années. Enfin, le cadre financier actuel ne suffirait pas pour les 33 avions de combat prévus en remplacement des Tiger. Mais seulement pour 22 jets, en raison notamment de problèmes liés à des coûts d'exploitation.
Sur ce dernier point, le sénateur Didier Burkhalter (PRD/NE), spécialiste des questions militaires, ne se fait pas trop de soucis: «A ce stade, ce n'est pas grave. Si on ne pouvait acheter que trois avions cela poserait des problèmes. Mais avec 22, nous devrions arriver à assurer la sécurité.» En revanche, le Neuchâtelois déplore qu'en matière d'armée, «le parlement n'a fait que rendre la situation plus difficile».
A la veille des débats, conclut donc Didier Burkhalter, «il faut se rendre compte, désormais, que l'on ne doit surtout pas retarder les programmes d'armement!» Un message qui s'adresse directement au camp rose-vert et aux démocrates du centre, dont l'alliance à la Chambre basse serait en mesure de faire capoter le projet.
Pourtant, rien n'est joué. Le PS et l'UDC - qui annonçaient cet été de sérieux tours de vis sur l'armée suite à l'affaire Nef - ont agendé vendredi prochain de longues discussions sur le programme d'armement lors de leurs séances de groupe respectives. Preuve en est que la marche à suivre divise encore les élus.
Du côté de l'UDC, le vice-président Yvan Perrin convient que «le rapport «Masterplan 08» place le parlement devant ses responsabilités», reconnaît-il. «Mais si le programme d'armement passe, nous repartons avec Samuel Schmid pour deux ans.» Aux yeux du Neuchâtelois, «une majorité du groupe UDC devrait donc décider de ne pas entrer en matière sur le programme d'armement».
Mais il est vrai, relève encore le vice-président du parti, membre de la Commission de sécurité du National, que le dossier fait grincer des dents à l'UDC. Au centre de la dispute: le programme de mise à niveau des avions de combat F/A-18, à hauteur de 404 millions de francs, prévu dans le paquet, que certains UDC ne veulent pas retarder. D'autant qu'une initiative contre l'acquisition de nouveaux avions de combats a été lancée.
Chez les socialistes, enfin, la sénatrice Gisèle Ory tentera de convaincre ses collègues, vendredi, de la «nécessité d'accepter le programme d'armement, sauf la modernisation des avions F/A-18».
En plus de la mise à niveau des FA-18, le programme prévoit l'achat d'une première tranche de véhicules protégés de transport de personnes, l'acquisition d'engins d'exploration ABC, et quatre de véhicules de détection pour la défense ABC. Le Conseil des Etats a accepté le paquet en juin.