Élections fédérales
Une équipe de l’Université de Lausanne a établi le profil du nouveau Conseil national. L’essor des Verts renforce la présence des salariés du service public. Six nouveaux élus sont des enfants d’anciens parlementaires

Clairement plus féminin, un peu plus académique: tel est le profil du nouveau Conseil national. L’équipe de l’Observatoire des élites suisses (Obelis) de l’Université de Lausanne, emmenée par Andrea Pilotti, a dressé le portrait de la nouvelle Chambre du peuple. Elle confirme que la part des femmes a fait un bond en avant, passant de 33% en 2015 à 42%, et cela en dépit du fait que la conseillère d’Etat bernoise Beatrice Simon, membre du Parti bourgeois-démocratique, a décliné son élection pour rester au gouvernement cantonal. Elle sera remplacée par un homme.
Lire aussi: Le profil socio-professionnel du nouveau Conseil national
L’enquête observe que tous les partis se sont féminisés à l’exception du PDC, qui a vu plus d’hommes que de femmes faire leur entrée dans sa députation fédérale. «C’est le succès électoral des Verts qui conduit le plus à féminiser le Conseil national, avec 10 nouvelles femmes sur les 32 nouvelles» du Conseil national, relèvent les chercheurs lausannois. La délégation socialiste compte 62% de femmes, les Verts 61%, les Vert’libéraux 50%, le PLR 34%, le PDC 28% et l’UDC 25%.
L’analyse relève en outre que le taux d’universitaires augmente de nouveau, pour la première fois depuis les années 1990. Cette évolution est liée à celle de l’UDC. Ce parti compte le moins de représentants au bénéfice d’une formation supérieure: 34%. C’est bien parce que l’UDC avait le plus progressé entre 1995 et 2015 que le pourcentage d’universitaires a diminué durant cette période, relève Andrea Pilotti.
Six filles et fils de
La proportion d’études supérieures la plus importante se trouve chez les Vert’libéraux (88% de l’ensemble de la députation), suivis du PS et des Verts (79% chacun), du PDC (72%) et du PLR (59%). Cette statistique confirme la transformation de l’électorat et de la députation socialistes, amorcée il y a plusieurs années. «Le parti fait des efforts pour diversifier les profils de ses candidates et candidats, mais l’électorat de gauche est fait de gens plutôt bien formés qui votent pour des personnes plutôt bien formées», résume Andrea Pilotti.
Il relève encore la proximité des Verts des services publics: 24% des nouveaux élus écologistes sont des salariés du secteur public. Notamment des enseignants, dont la présence au Conseil national passe de 2% en 2015 à 6% en 2019. Parmi eux, Stéfanie Prezioso, représentante genevoise de SolidaritéS, qui siégera finalement à la place de la travailleuse sociale Jocelyne Haller, qui a renoncé à son élection.
«Une représentativité parfaite est une utopie»
L’étude de l’Obelis relève un léger déclin des indépendants, qui passent de 51% en 2015 à 45% en 2019, et un renforcement de celles et ceux que l’on considère comme des politiciens professionnels. Leur part augmente de 35% en 2015 à 37% en 2019. Elle atteint 53% chez les néo-élus verts et 50% chez les socialistes. La statistique dénombre 23% d’entrepreneurs (dont 16% de chefs d’entreprise), 23% de professions libérales et 7% d’agriculteurs, en recul d’un point par rapport à 2015. Le parlement fédéral reste ainsi un «organe socialement sélectif» qui ne reflète pas la structure de la société suisse. «Une représentativité parfaite est une utopie», commente Andrea Pilotti.
L’enquête soulève encore la question de l’héritage familial en politique. Pas moins de six des nouveaux membres du Conseil national sont des enfants d’anciens parlementaires: Marianne Binder-Keller (PDC/AG) est fille et belle-fille de conseillers nationaux, le père et la mère de Kilian Baumann (Verts/BE) ont tous deux siégé à la Chambre du peuple, tout comme les pères de Vincent Maitre (PDC/GE), de Simon Stadler (PDC/UR), de Benjamin Giezendanner (UDC/AG) et de Lilian Studer (PEV/AG).