Un rapport dénonce l’espionnage des citoyens

Ecoutes La Digitale Gesellschaft demande de désigner un procureur spécial en Suisse

Depuis l’éclatement de l’affaire Snowden, en 2013, qui a révélé les détails de la surveillance de masse des services américains et britanniques, les Suisses savent qu’ils n’échappent pas non plus à l’écoute et l’observation de leurs données les plus intimes.

Que ce soit par la station d’écoute de Loèche, les opérateurs téléphoniques, internet, les communications transatlantiques via le câble ou la collaboration des services d’espionnage, rien de ce qui s’échange entre citoyens et sociétés suisses n’échappe aux agences gouvernementales américaines ou britanniques.

C’est ce que documente, dans un rapport d’une vingtaine de pages, la Digitale Gesellschaft, qui réunit le Chaos Computer Club, le Parti pirate Suisse, l’association Droitsfondamentaux.ch ainsi que des juristes spécialisés dans la protection des données.

Ce rapport publié vendredi prend une dimension supplémentaire avec les révélations, jeudi, du site américain The Intercept. La NSA américaine et son homologue britannique, le GCHQ, seraient entrés dans les réseaux informatiques des fabricants de cartes SIM pour y dérober des quantités sidérantes de clés de cryptage de cartes.

Le rapport de la Digitale Gesell­schaft ne révèle pas d’éléments fondamentalement nouveaux par rapport aux révélations d’Edward Snowden. Mais en rassemblant dans un seul document toutes les informations de presse, enquêtes ou déclarations officielles concernant la Suisse, il montre comment le simple citoyen se retrouve au centre d’une véritable toile d’araignée d’écoutes.

Ainsi, en 2013, la Süddeutsche Zeitung avait révélé les noms de sociétés coopérant avec le service britannique. Y figurait celui de Verizon Business, un opérateur auquel la Confédération a confié les communications avec ses ambassades et consulats et lui-même victime d’un vol de données par l’israélien Verint (LT du 14.01.2014).

Ministère public trop proche des services américains

Dans ses sept propositions à l’intention du parlement, la Digitale Gesellschaft demande qu’un procureur spécial soit désigné pour enquêter sur l’ensemble des informations publiées depuis deux ans concernant l’espionnage des citoyens par la NSA. Compte tenu des liens du Service de renseignement et du Ministère public avec les services américains, les protecteurs des données estiment que ces deux services ont un conflit d’intérêts.

Le rapport propose aussi que ce soit le Ministère public et non le Service de renseignement qui soit autorisé à mener des écoutes en matière de lutte contre le terrorisme.