Une bible transnationale pour ressusciter le Doubs
Environnement Les autorités suisses, françaises, jurassiennes et neuchâteloises ont validé un catalogue de mesures
La formule est d’Yvan Perrin, ministre neuchâtelois de l’Environnement: «L’apron du Rhône, poisson emblématique du Doubs, peut voir son avenir avec optimisme.» Mercredi à Saint-Ursanne, les représentants des autorités françaises, suisses, des cantons de Neuchâtel et du Jura ont validé un document de 37 pages, véritable «bible» énonçant les mesures susceptibles d’assainir le Doubs.
Le groupe de travail binational tient à faire connaître sa détermination. Ainsi, la sous-directrice de l’Office fédéral de l’environnement, Franziska Schwarz, a répété que «le Doubs est un sujet important au plan national et les projets qui lui sont liés sont prioritaires». Le préfet du département français du Doubs, Stéphane Fratacci – qui a dû partir avant le rendez-vous avec les médias –, aurait pris les mêmes engagements, foi de Philippe Receveur, ministre jurassien, qui n’hésite pas à égratigner les partenaires peu sensibles à la santé du Doubs, et dont on peut s’assurer qu’il rapporte fidèlement le discours du préfet.
La bonne volonté ne suffit pas. Les partenaires transfrontaliers ont élaboré et validé un catalogue de mesures visant à améliorer la qualité de l’eau et la morphologie de la rivière. Ainsi, une planification de modernisation des stations d’épuration est présentée, tant en France qu’en Suisse. Il est aussi prévu de supprimer quatre des treize seuils ou barrages qui entravent la libre circulation des poissons. Le Jura a déjà mis en route un programme d’amélioration de la connectivité des affluents du Doubs, il touche pour cela 500 000 francs de la Confédération. A ceux qui relèvent qu’un catalogue d’action, c’est bien, mais que tout reste à faire, Philippe Receveur rétorque qu’il appartient désormais aux partenaires de réaliser leurs engagements. Il note que chaque action aura sa procédure propre. Et de citer la difficulté de réaliser une passe à poissons à Saint-Ursanne, car le projet est contesté par 480 opposants.
Barrages
Le programme n’inclut pas les mesures de régulation des débits de la part des exploitants des barrages hydroélectriques, source majeure de nuisances. Il s’agit d’une autre procédure, «tout aussi prioritaire», affirme le chef du Service jurassien de l’environnement, Jacques Gerber. Qui fait remarquer que, depuis 2013, «un certain niveau de confiance s’est installé», notant que des essais visant à réduire les écarts de débits à la sortie des barrages ont été réalisés. Il s’agira de modifier les pratiques dans l’élaboration d’un nouveau règlement d’eau, d’ici à fin 2014. Philippe Receveur suggère qu’un seul exploitant gère les trois barrages sur le Doubs.
Le groupe franco-suisse mesurera les impacts des mesures tous les six mois. L’apron sera-t-il sauvé? Franziska Schwarz affirme que le plan d’action validé reprend les recommandations de la Convention de Berne.