Le chef du département de chirurgie de l’Hôpital du Valais, Vincent Bettschart, serait sous le coup d’une plainte pénale et fait l’objet d’une enquête interne suite à des articles de presse le mettant en cause. Cette dernière procédure doit durer deux à trois semaines. D’ici là, le chirurgien conserve la confiance du conseil d’administration.

L’une de ses patientes, opérée le 8 mars 2013, est décédée des suites d’une opération du pancréas et du colon qui n’aurait pas été effectuée dans les règles de l’art. Une autre opération, réalisée le 7 août 2013, s’est aussi conclue par le décès du patient le lendemain.

Selon des chirurgiens anonymes cités par Le Nouvelliste ce week-end, Vincent Bettschart aurait mené de front deux opérations selon un horaire très chargé de 8h16 à 20h35. L’affaire a été révélée à la fin de la semaine dernière dans le magazine satirique «Vigousse», puis reprise par la presse locale. L’hôpital avait promis des explications et a organisé une conférence de presse dans l’urgence.

Le chirurgien et le conseil d’administration ont affirmé devant la presse ne pas avoir eu connaissance de la plainte pénale. Le médecin a également annoncé lundi qu’il ne ferait plus de chirurgie des organes incriminés dans l’affaire actuelle jusqu’à ce que la commission chargée de l’enquête interne ait établi les faits. Le conseil d’administration lui maintient toute sa confiance pour respecter la présomption d’innocence

Pas de chance pour l’institution, elle se remettait à peine d’une immense crise interne et d’une polémique politique (LT du 02.11.2011). C’est d’ailleurs le même Vincent Bettschart qui avait mis le feu aux poudres en 2010, son affaire révélant une crise de confiance et de communication plus profonde au sein de l’institution. Le chirurgien avait alors défrayé la chronique pour avoir opéré des patients en regardant des matchs de football (LT du 19.10.2010).

Durant la même période, l’un de ses confrères ayant des doutes sur la qualité des opérations conduites par le chirurgien avait soumis une septantaine de dossiers à l’examen d’un confrère genevois. La direction de l’hôpital s’était alors retournée contre le dénonciateur et l’avait licencié pour rupture du lien de confiance.

En avril 2012, après la démission en bloc du conseil d’administration et le remplacement de deux cadres de direction, le nouveau président du conseil d’administration, Charles Kleiber, disait sa confiance en Vincent Bettschart. «Les trois sages, trois médecins reconnus, qui épaulent le conseil d’administration dans ses décisions, se sont penchés sur cette affaire, expliquait-t-il. Le professeur Bettschart s’est excusé et il a été suffisamment puni par les dégâts causés à son image (LT du 04.04.2012).»

Charles Kleiber avait aussi reconnu que Vincent Bettschart était «irremplaçable», ajoutant que «les dégâts hospitaliers et sanitaires seraient considérables s’il s’en allait». L’ancien secrétaire d’Etat à l’Education se tournait ensuite résolument vers l’avenir, promettant un programme de médiation pour recevoir les plaintes des patients et un perfectionnement de son système qualité. Depuis lors, le calme semblait revenu.

Aujourd’hui, pour tenter d’éviter une seconde crise médiatique et politique, Charles Kleiber veut communiquer. Vite. «Les instances dirigeantes de l’Hôpital du Valais ont décidé d’agir rapidement en mettant tout en œuvre pour établir les faits», était-il expliqué dans la convocation à la conférence de presse.