Oui, c’est une forme de rupture par rapport à ce qui a été fait jusqu’à présent. L’abandon de la rémunération proportionnelle à l’effectif du bétail est une mesure qui assombrit le futur de l’agriculture. C’est moins la prime à la vache en elle-même que nous défendons que la proportion des paiements directs liés à la production.

Réduire celle-ci autant que le veut le Conseil fédéral, c’est privilégier clairement la fonction environnementale de l’agriculture. Je ne crois pas que cette orientation stratégique soit bonne à long terme. L’Office fédéral de l’agriculture (OFAG) nous assure que la production restera stable. Mais notre production ne couvre que 54% de nos besoins – il n’y a guère que le Japon qui soit en-dessous – et la tendance est à la baisse, car la production peine à suivre la croissance démographique.

Même si l’enveloppe globale des paiements directs ne diminue pas, nous craignons une déperdition du revenu paysan. Pour maintenir le niveau de paiement actuel, les agriculteurs devront fournir plus de prestations dans le nouveau régime. Et comme leur nom l’indique, les contributions à la transition sont… transitoires. Ce sont 300 millions qui disparaîtront à terme du budget agricole.

La Commission des Etats a fait un pas en direction des paysans s’agissant du bétail, j’espère que cela sera confirmé au plénum. Au Conseil national, c’est une alliance de circonstance entre la droite économique et le pôle de la défense de l’environnement qui a prévalu. Les parlementaires ont donné trop d’importance à des considérations paysagères, alors que les marchés agricoles nécessitent un soutien réel. Le lait, le vin et la viande nous préoccupent particulièrement. Lorsque les exploitants ne s’en sortent plus, ils abandonnent. En 2010 et 2011, 1450 exploitations ont cessé de produire, soit deux par jour. ,,