Coronavirus
Face au nombre restreint de doses actuellement disponibles dans le pays, l’Office fédéral de la santé publique exhorte la population à la patience

Si les vaccinations contre le Covid-19 ont désormais démarré dans la plupart des cantons, il reste pour l’heure impossible de connaître le nombre de doses d’ores et déjà administrées. Faute de logiciel informatique centralisé, les premières données cantonales ne parviendront à l’Office fédéral de la santé publique qu’en début de semaine prochaine. Seule certitude, la Suisse dispose actuellement de 233 000 doses du vaccin Pfizer/BioNTech. Et en cas d’homologation prochaine du vaccin Moderna, ce nombre devrait être porté à 500 000 d’ici à fin janvier. Le mois suivant, les autorités fédérales tablent sur un million de fioles.
«La situation évolue de façon extrêmement dynamique. Il est fort possible que nous disposions d’ici à fin février de doses supplémentaires. Nous continuons les négociations avec les fournisseurs», a martelé ce mardi lors du traditionnel point presse la vice-directrice et responsable de la division internationale de l’Office fédéral de la santé publique (OFSP), Nora Kronig, rappelant que la Suisse figure parmi les premiers pays à avoir conclu un contrat avec Moderna, portant sur un achat de 7,5 millions de doses.
D’ici là, au vu du nombre limité de vaccins disponibles, l’OFSP exhorte la population à la patience. D’autant que la vaccination du grand public n’interviendra vraisemblablement qu’à la fin du printemps, voire au début de l’été.
De trop lents débuts
Face à ces débuts timorés, des voix s’élèvent pour critiquer la lenteur des autorités suisses, alors qu’Israël compte vacciner 150 000 personnes par jour. «Cela m’a choqué que l’OFSP déclare que la Suisse pourrait vacciner jusqu’à 70 000 personnes par jour. C’est trop peu. Il faudra donc attendre l’été pour que tout le pays soit vacciné», s’insurgeait ce mardi le conseiller national vert’libéral Martin Bäumle, dans une interview accordée à l’Aargauer Zeitung.
C’est pourtant bien là le plan de l’OFSP, qui assure que toutes les personnes qui souhaitent être vaccinées pourront l’être d’ici à l’été. Cette montée en puissance doit permettre de vaincre progressivement les réticences de la population face au vaccin, notamment celles du personnel soignant. A la question de savoir s’il faut rendre obligatoire le vaccin pour certains corps de métier amenés à côtoyer les groupes les plus vulnérables, l’infectiologue et cheffe de section à l’OFSP Virginie Masserey préfère donc jouer la carte de la montre, espérant que le temps suffira «à convaincre de l’utilité du vaccin, et de son innocuité».
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Pas question de différer la seconde dose
Quant à la démarche envisagée par certains pays de différer l’administration de la seconde dose afin d’assurer une couverture de vaccination plus large, les autorités fédérales écartent cette idée, arguant que l’autorisation délivrée pour le vaccin Pfizer porte sur deux doses et non une.
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«Après la première injection, il y a certes une certaine immunité, mais on ne connaît ni la durée ni la constance de cette couverture sans la seconde dose», a précisé Christoph Berger, président de la Commission fédérale pour les vaccinations. Sans céder à la frustration de ceux qui s’impatientent de cette campagne de vaccination qui tarde à être déployée à large échelle, les autorités préfèrent garantir une protection maximale aux personnes les plus vulnérables.
Patience donc. D’autant que le variant mutant originaire du Royaume-Uni a été détecté dans 28 échantillons, issus de 7 cantons différents, notamment Vaud, Genève, Valais, Berne, Zurich ou encore Saint-Gall. Plus contagieuse, cette nouvelle variante pourrait faire augmenter significativement le nombre de cas et renforcer la pression sur le système de santé. «Si on devait assister à une hausse significative des cas, les effets positifs du vaccin pourraient être anéantis. Il faut impérativement empêcher cela», prévient Christoph Berger. Pour l’OFSP, il est donc impératif de respecter les mesures sanitaires en vigueur, voire même «de les renforcer» si les courbes devaient repartir à la hausse.