Le conseil d’administration de La Poste et la directrice générale Susanne Ruoff ont nommé Valérie Schelker, 44 ans, nouvelle responsable des Ressources humaines du groupe, qui emploie 60 000 collaborateurs. Elle est actuellement membre de la direction de PostFinance, où elle a fait toute sa carrière. Elle entrera en fonction le 1er avril. Née dans le canton de Berne, de langue maternelle allemande mais de mère romande, elle remplace le dernier membre romand de la direction de La Poste, Yves-André Jeandupeux, qui quitte l’entreprise à la fin du mois. Ce n’est pas faute d’avoir prospecté activement en Suisse romande. Le président du conseil d’administration, Urs Schwaller, explique ce choix et revient sur les critiques émises à propos des salaires des cadres.

Le Temps: N’est-ce pas un problème pour une entreprise comme La Poste d’avoir une direction presque exclusivement germanophone?

Urs Schwaller: Après l’annonce du départ d’Yves-André Jeandupeux, il était clair qu’il fallait concentrer les efforts de recherche sur la Suisse romande et prioritairement sur les candidatures féminines. Nous avons donné un mandat dans ce sens à une entreprise spécialisée, qui a contacté 50 personnes dont 30 en Suisse romande. Mais nous devons constater que, dans des entreprises de taille comparable à la nôtre, la langue de travail est davantage l’anglais que le français.

- Valérie Schelker apportera-t-elle au sein de la direction de La Poste l’indispensable sensibilité romande et latine, différente de la sensibilité alémanique à propos du service public?

- Elle est de mère francophone et le français est sa deuxième langue maternelle. Elle a convaincu par ses compétences et connaît très bien l’entreprise de l’intérieur. Elle a fait toute sa carrière au sein de PostFinance. Elle aura la responsabilité de plus de 60 000 collaborateurs et sait parfaitement ce que signifie le service public. Mais nous avons sans doute encore des efforts à faire pour améliorer la diversité linguistique. Nous avons une responsabilité de ce point de vue.

- Est-il utile d’avoir une responsable RH connaissant l’entreprise de l’intérieur pour mener les réformes à venir?

- Oui, c’est utile. Elle a la sensibilité nécessaire pour accompagner le processus de réforme. Nous avons annoncé les transformations que nous allons faire aussi bien pour le réseau postal que dans l’administration. Nous ferons tout pour que cela se fasse, dans la mesure du possible, sans licenciement. Valérie Schelker sera une personne clé de ce processus.

- Le Conseil fédéral veut plafonner la part variable des salaires des cadres. Le comprenez-vous?

- La Poste appartenant à 100% à la Confédération, je ne discute pas les conditions que fixe le Conseil fédéral pour la part variable et les prestations annexes. Nous allons faire ce qu’il demande. C’est tout à fait faisable.

- La Commission des institutions politiques du Conseil national veut aller plus loin. Elle considère que les cadres des entreprises fédérales ne doivent pas être mieux rémunérés que les conseillers fédéraux. Que ferez-vous si cette exigence se concrétise?

- La commission a le droit de formuler une telle revendication, chacun joue son rôle. Mais elle n’est pas réaliste. Nous pratiquons la transparence totale à propos des rémunérations des cadres. Le salaire doit refléter la taille de l’entreprise, les responsabilités assumées. Il doit aussi tenir compte du fait que près de 90% des activités de La Poste se font sur le marché libre et sont donc soumises à la concurrence. Nos salaires doivent rester compétitifs. Des candidats à des postes vacants se sont retirés parce que nous n’offrions pas assez. Si l’initiative se concrétise, elle nous offrira l’occasion d’expliquer précisément pourquoi les salaires de nos cadres sont justifiés.

- Le Groupement des régions de montagne (SAB) demande un moratoire sur la restructuration du réseau postal et une redéfinition de l’accessibilité des points de vente de La Poste. Que répondez-vous?

- Un rendez-vous est prévu avec le SAB. Un moratoire serait une erreur. Il faut nous laisser le temps de réaliser la transformation du réseau postal annoncée en toute transparence l’an dernier. Il est vrai qu’elle entraînera une diminution du nombre d’offices de poste de 1400 à 800 ou 900 mais prévoit aussi une augmentation du nombre de points d’accès de 3700 à 4000. Nous devons nous adapter là où notre offre ne correspond plus aux attentes de la clientèle. Les agences permettent souvent de maintenir un commerce dans un village. C’est aussi dans l’intérêt des régions périphériques.