Après l'annonce samedi du premier vaccin contre le coronavirus autorisé en Suisse, les cantons hâtent les préparatifs. A Berne, les sept conseillers fédéraux vont se faire vacciner, le doyen Ueli Maurer, âgé de 70 ans, en tête. Les sept membres du Conseil fédéral donnent ainsi un signal qui se veut rassurant à la population sceptique, selon les sondages, marquant aussi le début de la campagne en faveur de la vaccination. Le ministre de la santé Alain Berset avait rappelé samedi, lors de l'annonce de l'autorisation du premier vaccin anti-Covid-19 par Swissmedic, que le vaccin était gratuit, mais aussi qu'il n'était pas obligatoire.

Claire-Anne Siegrist, vaccinologue aux HUG, se montre confiante et enthousiaste face à l'arrivée de ce premier vaccin. Deux doses doivent être administrées à trois semaines d'intervalle, mais «la protection commence deux semaines après la première dose déjà, de l'ordre de 50 à 70%», a-t-elle déclaré à la RTS. Selon Swissmedic, la protection vaccinale est supérieure à 90% sept jours après la seconde injection.

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Pour atteindre un niveau d'immunité suffisant de la population, il faudra attendre «de quelques mois à une année. Dans le meilleur des cas, six mois», selon Virginie Masserey, cheffe de la section contrôle de l’infection et programme de vaccination à l'OFSP. «C'est difficile à dire, cela dépend de la vitesse à laquelle la population voudra se faire vacciner.»

La Suisse s'est assurée l'accès de 15,8 millions de doses, négociées avec trois laboratoires différents: 3 millions avec Pfizer/BioNTech, 7,5 millions avec Moderna et 5,3 millions avec AstraZeneca. Et le directeur de Swissmedic a laissé entendre que l'autorisation d'un autre vaccin devrait suivre tout prochainement.

Les cantons accélèrent

Près de 107'000 doses du vaccin de Pfizer/BioNTech vont être livrées ces prochains jours, puis 250'000 par mois dès janvier. Les personnes vulnérables seront les premières vaccinées, soit 2 millions de personnes, dont 1,6 millions d'aînés. Les enfants et les jeunes de moins de 16 ans ainsi que les femmes enceintes ne peuvent pas encore se faire vacciner, les études ne livrant pas suffisamment d'informations les concernant.

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Les cantons ont été surpris par cette accélération, a relevé Michael Jordi, secrétaire général de Conférence des directeurs cantonaux de la santé (CDS). La logistique liée à la distribution du vaccin est un défi pour la Suisse. Berne a décidé que l'armée allait acheminer le produit et les cantons organiser la distribution.

L'armée reçoit les vaccins, les stocke dans des locaux protégés à -70 degrés puis les distribue aux cantons. Ces derniers pourront ensuite conserver le vaccin au maximum cinq jours au réfrigérateur (entre 2 et 8°C).

Le feu vert samedi de Swissmedic pousse les cantons romands à revoir leurs plans de vaccination, qui tablaient sur début janvier. La plupart d'entre eux vont mettre en place des centres de vaccination et des équipes mobiles.

Fribourg et Valais dès le 28 décembre

Fribourg va commencer sa campagne de vaccination le 28 décembre, selon les indications de Claudia Lauper-Luthi, secrétaire générale de la Direction de la santé et des affaires sociales. Ce canton attend environ 3000 doses de la Confédération.

Le canton du Valais lancera aussi la vaccination contre le coronavirus le 28 décembre prochain, a indiqué dimanche à Keystone-ATS la conseillère d’Etat Esther Waeber-Kalbermatten. Jusqu'ici, le canton prévoyait de débuter sa campagne début janvier.

Le canton de Vaud, qui avait annoncé vendredi dernier la date du 11 janvier comme début de la campagne, se réunit lundi. Même scénario à Neuchâtel, qui avait prévu de lancer l'opération le 4 janvier: une réunion des responsables était agendée dimanche et une rencontre avec le gouvernement neuchâtelois lundi, selon le médecin cantonal neuchâtelois Claude-François Robert.

Du côté du Tessin, le département de la santé publique a annoncé samedi que les premières doses du vaccin anti-Covid seront livrées début janvier. Le canton de Genève dévoilera son plan de vaccination mardi 22 décembre.

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En Suisse alémanique, Lucerne commence à vacciner dès le 23 et Bâle-Ville dès le 28 décembre et les cantons de la Suisse centrale dès le 4 janvier, à moins qu'ils se rallient à Lucerne. Le canton de Berne en reste à son plan avec un début des vaccinations le 11 janvier.

Comme il faut deux injections, seules 50'000 personnes vont être vaccinées dans un premier temps. 250'000 nouvelles doses sont toutefois attendues dès janvier.

Nouvelle variante: la Suisse observe

Les autorités sanitaires suisses sont également attentives après l'apparition d'une nouvelle variante du coronavirus - plus contagieuse - en Grande-Bretagne. Selon l'OFSP, il n'y a pour le moment pas suffisamment de données pour tirer des conclusions sûres quant à la contagiosité, la dangerosité et d'éventuelles conséquences sur l'efficacité du vaccin.

A la question de savoir si ces transformations pourraient à terme rendre le vaccin développé inopérant, la vaccinologue Claire-Anne Siegrist se veut rassurante. «Actuellement, il n'y a rien qui fait penser que les mutations qui surviennent feront échapper ce type de changement à l'efficacité du vaccin», selon elle.

Mais d'autres pays ont d'ores et déjà réagi: les Pays-Bas ont décrété la suspension des vols passagers en provenance de Grande-Bretagne après la découverte d'un cas sur leur territoire.

La Belgique prévoit aussi de suspendre les vols ainsi que le trafic ferroviaire avec le Royaume-Uni, alors que l'Allemagne réfléchit «sérieusement» à interrompre les vols avec la Grande-Bretagne et que l'Autriche s'y prépare.