«Enfin» se diront certains. Les premiers vaccins contre la grippe A(H1N1) seront disponibles dès cette semaine en Suisse romande. Les cantons de Vaud et de Fribourg ont annoncé lundi qu’ils administreront le vaccin dès demain mercredi aux groupes prioritaires. Ce sera d’abord le personnel médical et les femmes enceintes, ainsi que les enfants et adultes atteints de maladies chroniques, qui obtiendront le vaccin. Suivra ensuite le reste de la population. Fédéralisme oblige, le calendrier change de quelques jours d’un canton à l’autre.

Disparités de livraison sans conséquences

Genève, qui table sur près de 50 000 doses de vaccins, et le Valais ne débuteront ainsi les vaccinations que lundi prochain, selon les calendriers que les autorités cantonales ont publiés vendredi. Quant à Soleure et Thurgovie, ils s’y sont déjà mis. C’est dès lors de façon non coordonnée qu’a débuté la campagne de vaccination en Suisse. «Notre propre calendrier est établi selon ce que nous savons des arrivages des vaccins. Tout n’est pas très clair pour l’instant», confirme Eric Masserey, adjoint du médecin cantonal vaudois et responsable des maladies transmissibles. Même si, selon lui, des différences de quelques jours ne sont pas graves en soi, il reste critique: «Apparemment certains cantons ont reçu les vaccins plus tôt que d’autres. Je trouve que ces différences sont problématiques, car elles mettent sous tension les relations entre patients, médecins et autorités sanitaires. Par exemple, certains parents sont inquiets, à bon droit, pour leurs enfants souffrant de maladies chroniques et veulent les vacciner au plus tôt.»

«Les livraisons des doses aux cantons dépendent de la date de leur commande», explique Thomas Zeltner, directeur de l’Office fédéral de la santé publique (OFSP). Ce week-end, des professionnels de la santé se sont plaints dans la presse dominicale de ses disparités. Quoi qu’il en soit, tous les cantons proposeront la vaccination lundi prochain au plus tard.

En comparaison internationale, la Suisse n’est de loin pas pionnière dans la vaccination, de nombreux autres pays ayant déjà mis en route la même procédure. Dans les milieux de la santé, beaucoup pensent que Swissmedic, l’autorité chargée du contrôle des médicaments, «a pris trop de temps» jusqu’à maintenant pour donner son feu vert au vaccin. Un argument réfuté lundi par l’OFSP.

Pas de ruée

Pour l’heure, de nombreuses régions, comme Fribourg, ont commencé à recevoir les vaccins vendredi dernier. «Nous les gardons dans un lieu centralisé laissé secret pour des raisons de sécurité», explique Daniel Papaux, chef de l’organe cantonal de conduite qui se charge de ce dossier. Aujourd’hui, les vaccins seront distribués à plus de 60 pharmacies dans le canton. C’est dans ces officines que les médecins pourront venir chercher les doses dont ils ont besoin pour leurs patients qui en auront fait la demande. «Nous distribuons aussi les vaccins auprès des établissements hospitaliers et des EMS qui procèdent eux-mêmes à des vaccinations, ajoute-t-il. Nous tablons sur le fait que 20 à 25% de la population voudra se faire vacciner. Si c’est davantage, nous pourrons alors ouvrir des centres de vaccination.» S’ils ne s’attendent donc pas à une ruée sur les vaccins, certains cantons craignent toutefois une pénurie, comme à Neuchâtel, Bâle-Ville, Bâle-Campagne, Nidwald, Thurgovie et Saint-Gall.

Médecins et pharmaciens cantonaux, tous recommandent vivement la vaccination, sans pour autant la rendre obligatoire. «La durée d’une épidémie est de l’ordre de 12 semaines, ajoute Daniel Papaux. Nous nous attendons au pic de l’épidémie dans 5 à 6 semaines.» Quant au délai d’efficacité du vaccin, il est de l’ordre de deux semaines, selon le spécialiste. Deux vaccins sont disponibles actuellement: le Focetria du groupe Novartis et le Pandemrix fabriqué par GlaxoSmithKline (GSK). Un troisième, Celtura (Novartis), est en cours d’analyse par Swissmedic.