Oskar Freysinger et Jean-René Germanier ont commencé par s'excuser de déroger à leur credo de libéraux purs et durs: «Nous sommes la seule section UDC à défendre cette initiative», a reconnu Oskar Freysinger, avant de donner les raisons de cette dissidence cantonale: «Le moment est venu de dire si La Poste est une entreprise privée ou un élément du secteur public. S'il s'agit d'une entreprise publique, elle n'a pas à être bénéficiaire.» Surtout qu'il en va, assure le blochérien de Savièse, de la survie «de nos fonds de vallées.»
Jean-René Germanier, lui, a d'abord estimé nécessaire de rappeler qu'il était un convaincu «partisan de la concurrence et de la compétitivité», avant de tirer de son chapeau une notion aussi superbe qu'inédite – «le refus du démantèlement des acquis périphériques» – et de plaider pour «une séparation entre le réseau postal proprement dit et ce qui peut dans La Poste être soumis à concurrence.»
Le centriste Christophe Darbellay a lui-même cru bon de souligner que «de nombreuses personnalités de centre droit et de droite» soutenaient l'initiative, et que d'ailleurs lui-même ne «contestait pas la nécessité pour La Poste de se restructurer». Avant, à son tour, d'enfoncer le clou périphérique: «Mais nous n'admettons pas que, comme on nous l'affirme, 150 offices postaux suffisent pour tout le pays, ce qui ferait un office pour 50 000 habitants. En Valais, il n'y aurait que Sion qui aurait droit à sa poste. Pour les plus petites villes, cela deviendrait problématique, et quant aux villages, ils ne pourraient que dire adieu à leur bureau de poste.»
Et de rappeler que La Poste, restant bénéficiaire, avait de quoi financer elle-même ses secteurs moins rentables. Christophe Darbellay a fustigé le manque de dialogue du géant jaune: «Il n'est pas normal qu'un président de commune apprenne en lisant le Blick qu'on va fermer la poste de son village.»
Le socialiste Stéphane Rossini, lui, a carrément décrété la patrie en danger: «L'armée n'est plus même de jouer son rôle de ciment de la cohésion nationale, et les fossés qui se creusent entre les régions, entre les personnes, sont de plus en plus grands, avec une minorité de régions et de gens se partageant les profits, et avec comme résultat la mise à mal de la cohésion sociale et donc nationale.»
Quant à Jean-Noël Rey, il a souligné que, comme «canton touristique, le Valais avait besoin d'infrastructures postales et de télécommunications qui soient de même niveau que celles des régions plus favorisées.»
Le président du gouvernement valaisan enfin, Jean-René Fournier, s'est lui aussi placé sous le signe de l'exception, rappelant qu'il était «extrêmement rare que le collège gouvernemental prenne position en faveur d'une initiative, et il ne le fait que lorsqu'il estime que les intérêts du canton sont en danger. Il l'a fait avec les NLFA ou contre le paquet fiscal. Nous estimons notre soutien nécessaire, car il est de notre devoir de garantir à la population que, dans un proche avenir, il n'y aura pas dans ce pays des citoyens de première, de deuxième et même de troisième zone.»
Le conseiller national PDC Maurice Chevrier, qui s'était excusé, a tout de même fait parvenir au comité d'initiative un mot de soutien sans équivoque: «Avec l'acceptation de l'initiative postale, les «chargés de fermeture» ne pourront plus se contenter d'un simulacre de consultation des communes concernées.» Pour compléter ce tableau d'une franche unanimité, notons que les Verts sont également venus, par le conseiller communal sédunois Jean-Pascal Fournier, apporter leur appui à l'initiative.