L’association Sion 2026 devra patienter. Le comité qui promeut la candidature de Jeux olympiques d’hiver impliquant cinq cantons (Vaud, Fribourg, le Valais, Berne et les Grisons) espérait une décision du Conseil fédéral mercredi. Le gouvernement a certes mené une première discussion à propos d’un soutien fédéral à Sion 2026. Mais il a repoussé sa décision à une séance ultérieure.

Etait-il divisé au point de ne pas pouvoir s’unir derrière une position commune? «Absolument pas, répond André Simonazzi, le porte-parole du Conseil fédéral. N’en tirez pas de conclusions hâtives. Il s’agit d’un dossier complexe avec des sommes importantes en jeu. Le Conseil fédéral prend toujours du temps pour décider dans ce genre de dossier.»

Conseiller d’Etat valaisan chargé des Sports, le PLR Frédéric Favre se dit serein: «Nous parlons du quatrième événement mondial et sans doute le plus grand que la Suisse puisse organiser. Je trouve normal que le Conseil fédéral prenne son temps pour prendre une décision aussi importante.» Président de l’association Sion 2026, Jean-Philippe Rochat abonde dans son sens: «Même si nous préférons toujours des décisions rapides et positives, ça ne nous pose aucun problème. Je n’ai aucun élément d’information qui me laisse penser que cette décision est liée à la qualité de notre dossier. Nous continuons à travailler et il n’est pas garanti que nous obtenions une décision la semaine prochaine. Dans tous les cas, sur le dossier technique, nous sommes en avance sur nos concurrents étrangers.»

Deux co-rapports au sein du collège

Selon nos recherches, le gouvernement a mené une discussion très approfondie sur Sion 2026 lors de sa séance de mercredi. La proposition du ministre des Sports, Guy Parmelin, de soutenir le dossier – on parle de huit millions de francs engagés par la Confédération pour porter la candidature jusqu’au CIO ainsi que d’une garantie de déficit à préciser (plusieurs centaines de millions de francs sans doute) – s’est heurtée à deux co-rapports. La socialiste Simonetta Sommaruga s’est opposée sur le fond. Un ministre de droite a quant à lui demandé des retouches plus cosmétiques à Guy Parmelin. Un besoin de clarifications, notamment au niveau financier et environnemental, serait aussi ressorti de la séance. «Guy Parmelin doit aller chercher des réponses avant que le collège ne prenne sa décision», précise une source proche du gouvernement.

Pas de chèque en blanc

Le report de la décision ne constitue pas une surprise en soi ni un désaveu personnel pour Guy Parmelin dans la mesure où le contexte politique semble aujourd’hui moins favorable à l’organisation de Jeux olympiques qu’il ne l’était encore il y a quelques années. En 2012, le ministre des Sports d’alors, Ueli Maurer, avait décroché le soutien de ses pairs pour une candidature grisonne aux JO d’hiver 2022. Il s’agissait alors d’investir 30 millions de francs dans la candidature puis de garantir un déficit à hauteur de 1 milliard de francs. Le peuple avait douché son enthousiasme quelques mois plus tard.

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Aujourd’hui, Ueli Maurer tient les cordons de la bourse d’un ménage fédéral davantage en délicatesse. «Par rapport aux Jeux olympiques, il y a une large palette d’avis au sein du gouvernement. Mais il est certain que le Conseil fédéral ne veut pas faire de chèque en blanc. Il n’est pas prêt à éponger des déficits qui s’accumuleraient», souligne ainsi une source proche du pouvoir.

La précipitation du comité d’organisation

Si la non-décision du Conseil fédéral sur Sion 2026 a provoqué des réactions, c’est aussi parce que des membres du comité de candidature ont eux-mêmes communiqué la date du 11 octobre à plusieurs reprises dans les médias, ce que des acteurs du dossier jugeaient maladroit mercredi. Vice-président de l’association Sion 2026, Bernard Rüeger relativise: «Nous travaillons étroitement avec les services de Guy Parmelin et nous avons toujours été rendus attentifs à ce que la décision tomberait à la mi-octobre, sans doute le 11 ou le 18, mais sans garantie. Depuis un mois, on nous a demandé de ne pas évoquer la date du 11.»

Le comité de candidature avait néanmoins prévu une information mercredi après-midi dans un hôtel bernois. «J’étais invité et j’avais prévu de me rendre à Berne mercredi. Mais j’avais aussi réservé la semaine prochaine et celle d’après. L’idée était de nous coordonner avec tous les acteurs du dossier», affirme le conseiller d’Etat Frédéric Favre. Le président de la ville de Sion, Philippe Varone, se tenait également prêt à rallier Berne mercredi. Sur le fond, il reste confiant: «C’est dans ma nature. L’engagement financier a toujours été la raison de notre prudence. Pour le reste, nous avons apporté notre contribution sur tous les éléments techniques du dossier de candidature.»

Le vote «doit être cantonal»

Les détails financiers seront bel et bien au cœur de la deuxième lecture du projet par le Conseil fédéral. Mais la position du gouvernement sur l’organisation d’une consultation populaire est elle aussi très attendue. Le ministre Guy Parmelin avait dit au Temps faire d’un soutien populaire une «condition à remplir» pour l’organisation de Jeux olympiques en Suisse. Le comité de candidature est resté pour l’heure plutôt évasif à ce sujet.

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Pour Philippe Varone, qui s’exprime à titre personnel, «un vote communal n’aurait sans doute lieu qu’à la condition qu’un référendum communal portant sur la question financière aboutisse. Même si Sion prête son nom, cette candidature est avant tout nationale. Les impacts sur la ville sont moindres par rapport au projet Sion 2006. Je crois vraiment que le vote doit être cantonal», estime-t-il.