Les lumières sont éteintes. Les chaises retournées sur les tables. Le hangar de 400 mètres carrés transformé en café culturel sonne creux. Comme tous les établissements de restauration de Suisse, L’Ambassade, sise dans la zone industrielle de Sion, est fermée en raison de la crise sanitaire mondiale. Le sourire du gérant Daniel Silva est une façade au «mode survie» dans lequel il se trouve. Depuis l’inauguration de son établissement mi-octobre, les jours de fermeture ont été plus nombreux que ceux d’ouverture.

Le trentenaire, qui gère également La Matriochka dans la vieille ville de la capitale valaisanne, sort son téléphone et fait le décompte sur son agenda. «Le bar a été ouvert durant vingt-neuf jours seulement», souligne-t-il, en précisant avoir conçu de toutes pièces ce lieu, mêlant bar, food truck et espace culturel, avec sa compagne et deux de ses amis, qui ont également investi dans le projet.

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«Où sont les aides promises?»

S’il comprend que les mesures sont nécessaires en raison de la crise sanitaire, il s’interroge sur le sort réservé notamment aux cafetiers-restaurateurs. «Où sont les aides promises?» questionne Daniel Silva. Pour l’heure, il a reçu un seul montant de l’Etat du Valais, qui ne permet pas de rembourser le salaire mensuel d’un serveur, alors que les charges se comptent en milliers de francs. «On pourrait comparer cela à un amuse-bouche, ironise-t-il. Nous devons avancer l’argent pour toutes les dépenses. En quelque sorte, nous jouons le rôle de la banque.»

L’établissement ayant à peine ouvert ses portes, les réserves sont inexistantes. Les quatre investisseurs ont dû délier les cordons de leurs bourses personnelles pour éviter une fermeture du café culturel quelques semaines seulement après son ouverture. «C’est notre bébé. Nous l’avons créé de A à Z, on ne va pas le lâcher, assure-t-il. Mais nous avons également des familles à nourrir, nous n’allons pas non plus nous saigner pour cet établissement.»

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Possible retour derrière le volant d’un camion

L’avenir est flou pour Daniel Silva. D’autres aides vont-elles arriver? Certainement. Mais il ne sait pas quand. «On sait d’ores et déjà que 2021 sera catastrophique. Ça fait longtemps qu’on ne croit plus au Père Noël», soupire celui qui a quitté, dans le courant de l’année dernière, son travail de chauffeur de poids lourd pour s’occuper à temps plein de ses deux établissements. Un emploi qu’il pourrait retrouver plus rapidement que prévu. «On veut rouvrir L’Ambassade, quoi qu’il arrive, dès que nous y serons autorisés. Mais, pour cela, nous devons trouver des plans B, pour assurer la survie du lieu et notre survie personnelle. J’imagine donc reprendre mon ancien travail durant quelques mois», glisse-t-il. En attendant que ce lieu alternatif prenne réellement vie, tel qu’imaginé par les quatre amis qui l’ont créé.