L’élection du Grand Conseil valaisan a-t-elle été, une nouvelle fois, victime d’une fraude? Après le scrutin de dimanche, la commune de Brig-Glis a fait part de ses soupçons au Ministère public valaisan, qui a communiqué qu’il investiguait sur le sujet.

«L’infraction concernerait environ 25 listes pour la députation et quasi le même nombre pour la suppléance», indique le Ministère public. Selon nos informations, il s’agit de listes qui ont subi les mêmes corrections, dont l’écriture est identique. Dans la foulée, l’Etat du Valais a indiqué, dans un communiqué, que le message que le Conseil d’Etat adressera au Grand Conseil, dans le cadre de la validation des résultats, «mentionnera le dépôt de ladite dénonciation». Le parlement doit acter les résultats de ce dimanche lors de sa session constitutive le 19 avril.

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Une situation déjà vécue

S’il décide de ne pas le faire, les députés qui ont siégé lors des quatre dernières années joueront les prolongations, indique le chancelier d’Etat Philipp Spoerri. Car les nouveaux élus pourraient se rappeler ce qui s’est passé il y a quatre ans. Alors qu’une fraude est soupçonnée dans les communes de Brigue, Naters et Viège, le législatif avalise le résultat des élections. Quelques mois plus tard, la fraude est avérée. L’auteur, membre de l’UDC haut-valaisanne au moment des faits, est condamné à 12 mois de prison avec sursis.

Ses actes, commis à l’aide de complices eux aussi condamnés, consistaient à subtiliser dans les boîtes aux lettres le matériel de vote, afin de favoriser son parti en inscrivant sur les listes les noms de ses candidats. Au total, près de 200 bulletins avaient été volés, avec une incidence sur les résultats de l’élection, l’UDC obtenant un siège supplémentaire au détriment du CSPO, les chrétiens-sociaux haut-valaisans.

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Pas de comparaison possible

Cette fraude a animé le débat politique durant de nombreux mois, les différents partis concernés imaginant plusieurs moyens pour la corriger, allant d’un accord de principe à une nouvelle élection, sans jamais réussir à se mettre d’accord. Finalement, le parlement a balayé, en septembre 2019, une demande de révision déposée par le CSPO (le délai de recours n’ayant pas été respecté), actant le fait que le visage du parlement ne changerait pas en cours de législature.

Pour Philipp Spoerri, on ne peut toutefois pas comparer les deux situations, tout d’abord parce que le nombre de listes concernées est bien moindre cette année, mais aussi parce qu’il y a quatre ans, «il y avait falsification de l’identité de l’électeur, ce qui n’est pas forcément le cas cette fois».

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