Valais
Après le mercure, de la benzidine a été découverte dans le Haut-Valais. Les analyses approfondies d’une ancienne décharge de Lonza ont mis au jour la présence, dans les eaux souterraines, de ce composé toxique et cancérigène

Joël Rossier, le chef du Service valaisan de l’environnement (SEN), a déposé sur son bureau des articles de presse des années 1980, pour démontrer que la pollution des eaux souterraines dans la région de l’ancienne décharge de Gamsenried est connue depuis longtemps. Ce qui ne l’est pas, en revanche, c’est la présence de nombreux polluants organiques, parmi lesquels de la benzidine, un composé toxique et cancérigène.
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Après la plus vaste pollution au mercure de Suisse, le Haut-Valais est donc confronté à une nouvelle pollution. Le responsable, lui, ne change pas. Il s’agit de Lonza, qui a exploité cette décharge, située 5 kilomètres en amont de Viège, pour entreposer ses résidus de production chimique de 1918 à 1978. C’est d’ailleurs le groupe chimique qui a découvert cette pollution, dans le cadre d’investigations approfondies du site, requises par le SEN.
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«Personne ne s’attendait à en trouver à cet endroit»
La benzidine a pu passer à travers les mailles du filet, jusque-là, étant donné que Lonza n’en a jamais produit. «Personne ne s’attendait à en trouver à cet endroit», reconnaît Joël Rossier. Sa présence est «probablement» due à sa «formation comme produit secondaire lors de la production par le passé de phénylhydrazine», explique-t-il.
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Les concentrations de benzidine, constatées dans les eaux souterraines en aval de la décharge, oscillent entre moins de 1 et plus de 500 nanogrammes par litre (ng/l). Certaines d’entre elles sont donc largement supérieures au seuil d’assainissement, qui se situe à 0,75 ng/l. Mais on est également très loin des concentrations du site de la décharge, qui sont mille fois plus élevées. Cela s’explique par la barrière hydraulique mise en place dans les années 1990 par Lonza, pour éviter que la pollution ne se répande. Le groupe chimique pompe les eaux souterraines de la décharge et les traite dans sa station d’épuration.
Un essai pilote en vue de l’assainissement
Même s’il n’est pas totalement hermétique, «ce mécanisme fonctionne à 99,9%», constate Joël Rossier. Il a d’ailleurs été renforcé depuis la confirmation de la présence de benzidine dans les eaux souterraines. Mais cela ne suffira pas à assainir le site. Une des solutions envisagées, qui sera testée prochainement, consiste en l’injection d’oxygène dans la nappe afin d’accélérer la biodégradation du polluant.
La réalisation de cet essai pilote ne signifie pas que cette solution sera retenue pour l’assainissement du site. «Lonza nous proposera différentes variantes et nous choisirons celle qui sera mise en place», explique Joël Rossier, dont l’objectif est d’arrêter le choix du processus d’assainissement d’ici deux à trois ans.
Pas de puits d’eau potable pollués
Le chef du SEN se veut, par ailleurs, rassurant quant aux conséquences de cette pollution sur l’homme: «La seule façon d’être intoxiqué, c’est de boire de l’eau polluée; or, les analyses n’ont pas révélé de benzidine dans les puits d’eau potable et d’irrigation de la région.»