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Des Jeux, un jour, en Suisse: le projet devrait venir de Genève

OPINION. La candidature valaisanne pour les JO a capoté par manque d’esprit participatif. Désormais, seules Genève ou Zurich pourraient conduire une candidature, estime Jean-Loup Chappelet, professeur à l’Université de Lausanne

Jour de vote en Valais, 10 juin 2018. — © OLIVIER MAIRE/Keystone
Jour de vote en Valais, 10 juin 2018. — © OLIVIER MAIRE/Keystone

Après les Grisons (pour 2022 et 2026), le canton de Berne (pour 2010), le Valais dit clairement non aux Jeux olympiques d’hiver 2026 malgré, dans ces trois cas, le soutien (certes léger) du Conseil fédéral et de Swiss Olympic, l’association faîtière du sport suisse.

Et pourtant la Suisse – un des pays les plus riches du monde – peut certainement organiser des Jeux d’hiver dans ces trois magnifiques régions. Sinon, qui le pourrait? Que s’est-il donc passé dans le «Vieux Pays» et, autrefois, en Engadine et dans l’Oberland? En un mot: une démarche pas assez participative.

Il faut convaincre

On sait aujourd’hui que les grands projets ne sont pas aussi facilement acceptés par la population qu’autrefois (voir les aéroports de Berlin, Nantes ou Londres). Il faut convaincre. Il faut inciter. Il faut faire du «nudging», comme le recommande une théorie moderne de management¹. Passé le lancement de l’idée, qui est obligatoirement due à quelques individus auto-motivés, il faut que les autorités légitimes (élues) prennent rapidement l’affaire en main et organisent des débats citoyens avant que la décision de lancer une initiative ne soit prise.

Et, si elle est prise, un comité représentatif doit la défendre en votation populaire. Cela doit être affirmé dès le début de la démarche participative. Il faut alors promouvoir une vision forte qui reconnaisse les erreurs passées, mais combat aussi les fausses nouvelles olympiques qui pullulent.

Pour une candidature lémanique

Après ces référendums olympiques négatifs, il ne reste plus à court terme que Genève (ou Zurich) pour porter une candidature suisse. Mais ce devrait alors être une candidature lémanique: de Crans-Montana (ski alpin) à La Plagne en Savoie (bob et luge), de Champéry (curling) aux Tuffes dans le Jura français (saut à skis), en passant par Lausanne (patinage), les Alpes vaudoises (ski acrobatique), la vallée de Joux (ski de fond) et la région du Mont-Blanc (snowboard).

L’Agenda 2020 du CIO permet bien les candidatures sur deux pays, mais la structure cantonale de la Suisse s’y prête mal. Voilà du travail pour les générations futures!

¹ Behavioural Insights and Public Policy: Lessons from Around the World, OECD Publishing, 2017.

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