L’information politique citoyenne en test à Sion
Votations fédérales
En plus de la brochure officielle, les citoyens sédunois recevront, en vue des votations du 9 février, un rapport indépendant élaboré par un panel de 20 personnes représentatives de la population. Un projet pilote qui pourrait essaimer en Suisse

Une page A4 recto verso, contenant, au recto, une liste de huit informations générales concernant l’initiative populaire «Davantage de logements abordables» et, au verso, trois arguments en faveur et trois en défaveur du texte, soumis à votation le 9 février prochain. Mais il n’y a aucune recommandation de vote. Ce document, qui sera envoyé parallèlement au matériel de vote des quelque 21 000 électeurs sédunois, c’est le rapport rédigé par un panel indépendant de citoyens de la ville de Sion, dans le cadre du projet pilote Demoscan, qui vise à reproduire le modèle de l’Oregon, cet Etat américain qui a institutionnalisé la communication d’un avis citoyen avant les scrutins populaires.
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Ce rapport est le fruit de quatre journées de travail, qui ont eu lieu à la fin de novembre. Elles ont permis aux vingt panélistes, tirés au sort mais représentatifs de la population, d’entendre des promoteurs ou des opposants à l’initiative ou encore des experts indépendants pour réaliser leur travail. «Contrairement aux arguments exposés dans les médias, qui font souvent état de positions partisanes, ce rapport permet d’avoir une vue synthétique, en présentant les conséquences liées à l’acceptation de cette initiative ainsi qu’en démontrant la pertinence des arguments sélectionnés», détaille Ismaël Grosjean, l’un des participants.
Un rapport, mais quels effets?
Le projet pilote ne s’arrête toutefois pas à ce rapport. Une enquête auprès de la population doit permettre, dans les mois qui viennent, au professeur de sciences politiques à l’Université de Genève et porteur du projet, Nenad Stojanovic, de savoir si ce document est utile, s’il est pris en compte, s’il influence la décision de certains citoyens de prendre part au vote ou encore s’il modifie le vote lui-même de quelques électeurs. Mais derrière ce côté très scientifique se cache aussi une manière de rappeler que «la démocratie est une conquête récente de l’homme et qu’il n’y a rien d’évident là-dedans», souligne Nenad Stojanovic.
Le projet Demoscan a permis aux participants de se plonger dans le processus démocratique. «La démocratie est malade et cela se ressent dans les taux de participation. Pourquoi sommes-nous si blasés en Suisse, alors qu’ailleurs dans le monde on se bat pour la démocratie?» questionne Werner Schneider, membre du panel. Pour lui, le tirage au sort, tel que vécu, permet de «donner la parole à toutes les couches de la population». Cette expérience doit donc «essaimer dans tout le pays», insiste-t-il. Et c’est bien la volonté de Nenad Stojanovic et de son équipe, qui sont déjà à la recherche d’une nouvelle commune pour la suite de ce projet.