La pandémie de coronavirus a obligé le système de santé suisse à revoir son fonctionnement, dans l’urgence. Et l’ambulatoire ne fait pas exception. Exemple en Valais, où Monique Lehky Hagen, la présidente de la Société médicale du canton, travaille sans relâche depuis plusieurs jours pour réorganiser la prise en charge des patients.

Le Temps: Pourquoi une réorganisation du système ambulatoire est-elle obligatoire?

Monique Lehky Hagen: Il est nécessaire de séparer le flux des patients dans le domaine ambulatoire, pour éviter que des personnes à risques, qui à un moment ou à un autre vont se retrouver dans un cabinet, ne soient en contact avec des personnes potentiellement infectées par le Covid-19. Si nous ne le faisons pas, nous pourrions, sans le vouloir, participer à la propagation de la pandémie. Nous réorganisons également le système pour éviter de surcharger les urgences, nécessaires pour les cas extrêmes. Or 80% des personnes qui contractent le coronavirus n’ont pas de complications et peuvent donc être prises en charge par le système ambulatoire. Le manque de moyens de protection et de tests nous oblige aussi à agir de la sorte.

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Quelles sont les mesures que vous mettez en place?

Nous travaillons sur trois axes. Premièrement, nous allons ouvrir, dès lundi, six centres d’investigation ambulatoire (CIA) en Valais (Brigue, Gampel, Sierre, Martigny, Entremont et dans le Chablais). Les personnes avec des symptômes infectieux qui pourraient être contaminées par le coronavirus seront dirigées si nécessaire par leur médecin vers ces centres, où le personnel est protégé. Deuxièmement, nous allons organiser des plages de consultations séparées dans les cabinets pour éviter que les personnes à risques ne soient en contact avec de potentiels cas de Covid-19, que nous n’aurions pas identifié au préalable. Enfin, nous allons créer une unité mobile, qui pourra se déplacer dans les régions où la couverture médicale est moindre.

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Comment les patients savent-ils où ils doivent se rendre?

D’abord, nous demandons aux patients de réaliser le coronacheck, en ligne, afin de diminuer le nombre d’appels à gérer. Puis, lorsqu’ils appellent le cabinet, ils doivent décrire tous leurs symptômes, même si c’est une petite toux qui s’est arrêtée deux jours auparavant, afin que le médecin prenne la bonne décision. La population doit comprendre que son rôle est primordial pour que sa prise en charge soit correcte et ainsi permettre de protéger les autres. Nous devons économiser les ressources pour avoir de la place pour les personnes qui en ont réellement besoin.

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Et cela ne concerne pas uniquement les personnes qui sont atteintes par le Covid-19…

Evidemment que non. Si nous pouvons déplacer certaines consultations non urgentes, nous ne pouvons pas arrêter totalement le fonctionnement habituel du système ambulatoire. Il faut éviter un deuxième crash du système après le crash actuel, car tout le travail que nous mettons de côté, il faudra le rattraper. Et nous ne souhaitons pas nous rendre compte, dans six mois, qu’il y a eu des morts, hors coronavirus, parce que nous n’avons pas pu les prendre en charge correctement à cause de la pandémie.