Sion pilote de la démocratie participative
Votations fédérales
AbonnéUn groupe de citoyens s’exprimera avant le scrutin sur les objets des votations du 9 février. Pour accompagner la brochure officielle

On appelle cela la «méthode Oregon», du nom de l’Etat américain qui a institutionnalisé la communication d’un avis citoyen avant les scrutins populaires. La ville de Sion se lance dans une expérience pilote en vue des prochaines votations fédérales, qui se tiendront le 9 février 2020.
Pour se faire un avis avant de déposer leur bulletin dans l’urne, les habitants de la capitale valaisanne auront à disposition un nouvel outil: en plus de la brochure officielle de la Confédération et des mots d’ordre des partis politiques, ils pourront se référer aux considérations, voire aux recommandations d’un groupe d’électeurs représentatif de la population.
Ces prochains jours, 2000 personnes seront tirées au sort parmi le corps électoral sédunois. Au bout d’une procédure de sélection, 20 d’entre elles seront retenues pour participer en novembre à deux week-ends de réflexion. Animé par des experts neutres, avec possibilité d’auditionner partisans ou adversaires d’un objet, le groupe rédigera une «déclaration citoyenne» résumant les enjeux de la votation et donnant le résultat de son vote interne. Un sondage sera mené après le scrutin, pour évaluer l’impact de l’avis citoyen sur les votants.
Un outil contre le populisme
Sion, de taille et de caractéristiques moyennes à l’échelle suisse, est idéale pour mener cette expérience, explique son promoteur Nenad Stojanovic, professeur de sciences politiques à l’Université de Genève. Le projet Demoscan, qui a rencontré l’intérêt de Philippe Varone, le président PLR de la ville de Sion, s’inscrit dans les efforts menés ici et ailleurs pour encourager la démocratie participative. «Nous pouvons parler d’une crise de la démocratie représentative, souligne le politologue. Les partis traditionnels sont en baisse, la méfiance envers les élites en hausse, la participation stagne et le populisme croît.»
«Face à cette situation, il y a deux options, poursuit Nenad Stojanovic: privilégier les experts et la technocratie ou alors offrir de nouvelles possibilités de participation aux citoyens, ce qui me semble préférable. Les études menées en Oregon montrent que la population fait davantage confiance à l’avis fourni par le groupe de citoyens qu’à celle des autorités.»
Le projet pilote permettra peut-être d’élever le taux de participation aux votations. Se voulant «école de démocratie», il participe de la tendance internationale qui voit des panels de citoyens (mini-public) s’adresser à l’ensemble des électeurs, après avoir étudié une question politique d’actualité. Aux Etats-Unis, le financement de la «méthode Oregon» est assuré par le sponsoring. En Suisse, au stade embryonnaire du projet sédunois, le soutien de la ville et du Fonds national de la recherche (FNS) fera l’affaire.