Valais
Souvent opposé à l’ex-régie fédérale comme leader du syndicat autonome des postiers, président de Vétroz travaille main dans la main avec le géant jaune pour le centre de tri de colis dont la première pierre a été posée lundi dans sa commune

Il qualifie lui-même la scène de cocasse. Ce lundi, Olivier Cottagnoud, le président de Vétroz, a posé la première pierre du centre de tri de La Poste qui s’élèvera sur sa commune, en compagnie notamment d’Ulrich Hurni. Côte à côte donc, le directeur général par intérim du géant jaune et le très remuant président et fondateur du syndicat autonome des postiers, rarement d’accord, pour ne pas dire jamais, sur la politique de l’ex-régie fédérale ces dernières années.
Afin de faire face à l’essor du commerce en ligne, qui accroît d’année en année le nombre de colis pris en charge, La Poste investit 150 millions de francs pour doubler ses centres de tri. Elle en crée trois nouveaux, au Tessin, aux Grisons et donc dans le Valais central, à quelques kilomètres à l’ouest de Sion. «C’est la disponibilité des terrains pour la construction de tels centres qui nous a menés à Vétroz. C’est donc un hasard de tomber sur la commune présidée par Olivier Cottagnoud», explique le porte-parole du géant jaune.
La Poste lance la construction du nouveau centre colis régional à Vétroz (VS). https://t.co/9hWtl1ZDmO pic.twitter.com/iUc0VjZmK1
— La Poste | News (@swisspostnews_f) October 8, 2018
Une fois n’est pas coutume, ce dossier ravit les deux parties présentes autour de la table. «Je n’ai aucun problème à accompagner ce joli projet», souligne Olivier Cottagnoud. Et pour cause, il sera bénéfique pour sa commune, avec la création de 150 emplois. «Nous disposons de 200 appartements vides à Vétroz, nous pouvons donc légitimement penser qu’une partie des employés du centre de tri vont s’installer ici», se réjouit-il.
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L’homme au «sang jaune»
Postier durant trente-six ans, avant de devoir quitter son poste de responsable de l’office de Vétroz à la suite de son élection à la présidence de l’exécutif communal en 2016, Olivier Cottagnoud a La Poste dans les tripes. Des recherches lui ont permis de découvrir que, depuis 1845, le bureau de poste de Vétroz a été géré par des membres de sa famille. Il n’hésite pas à dire qu’il a «le sang jaune». Sa vision de ce que doit être la mission de l’ex-régie fédérale est limpide: «C’est un service public.» Il dénonce depuis des années la fermeture des bureaux de poste, et continuera de le faire, estimant que son rôle de président de commune le lui impose.
Je ne comprends pas que mes homologues présidents d’exécutifs communaux baissent les bras face à la fermeture des offices postaux
Olivier Cottagnoud
«Le démantèlement du service public, c’est le début de la fin et cela mène jusqu’à l’exode des régions périphériques. Je ne comprends pas que mes homologues présidents d’exécutifs communaux baissent les bras face à la fermeture des offices postaux.» Lui se battra pour que celui de Vétroz soit préservé, comme il l’a fait comprendre à La Poste dès les premières réunions concernant le futur centre de tri, il y a environ une année et demie. «Je leur ai simplement dit que mon soutien serait étroitement lié au destin du bureau postal de la commune», explique-t-il.
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Des casquettes qui se superposent et s’opposent
Président de commune, défenseur du service public, syndicaliste, Olivier Cottagnoud est habitué à jongler avec ces casquettes. Mais sur le dossier du centre de tri, elles se superposent et s’opposent. Si le membre de l’exécutif se réjouit, le syndicaliste s’inquiète quelque peu. «Je n’ai jamais accepté la centralisation voulue par La Poste», insiste-t-il. Or, la création des nouveaux centres de tri de colis, même s’ils sont régionaux, va dans ce sens. Celui de Vétroz regroupera les activités des sites de distribution de Brigue, Sion et Bex, qui seront supprimés. «J’espère que le transfert du personnel se fera le mieux possible, mais également que des solutions correctes seront trouvées pour les postiers de la vallée de Conches par exemple, qui devront se déplacer tous les jours jusqu’à Vétroz», souligne-t-il.
Le combat du syndicaliste continue
Même s’il n’est plus employé de La Poste, Olivier Cottagnoud continuera de se battre pour ses anciens collègues. Malgré son départ, il a conservé la présidence du syndicat autonome des postiers (SAP), qu’il a créé en 2005 se sentant floué par le syndicat de la Communication, aujourd’hui Syndicom. Ce dernier demandait d’accepter la convention avec La Poste sur les externalisations, ce qui entérinait la création de sociétés anonymes de droit privé, auxquelles Olivier Cottagnoud s’est toujours opposé. «Le SAP est à des années-lumière de la vision des autres syndicats, qui ont fait perdre les capacités de résistance et de lutte du personnel de La Poste», peste-t-il.
Pour l’heure, le SAP, avec ses 800 membres, n’est pas reconnu comme partenaire social du géant jaune. Olivier Cottagnoud se bat depuis des années pour être autour de la table lors des négociations. Depuis ce printemps, le dossier est au Tribunal fédéral, qui tranchera. En attendant, le président de Vétroz continuera de troquer de temps à autre cette casquette contre celle de président du SAP, pour «garder un œil attentif sur ce que fait La Poste».