Procédure pipée
La Rega ne voit pas les choses du même œil. Pour elle, la procédure d’adjudication a été conçue «dès le départ de sorte que les deux prestataires valaisans, Air Zermatt et Air-Glaciers, remportent le mandat», écrit-elle dans un communiqué.
Elle estime tout d’abord que l’évaluation des besoins réalisée par l’OCVS «occulte complètement» les lacunes que l’organisation liste elle-même dans son rapport de monitorage de septembre 2020. Selon celui-ci, le dispositif de sauvetage dans le canton dans son ensemble (c’est-à-dire pas seulement le sauvetage aérien) doit être fortement amélioré, explique David Suchet, porte-parole de la Rega. Le Valais aurait donc besoin de forces supplémentaires en la matière.
La Garde aérienne suisse de sauvetage considère également que cette évaluation des besoins «a été effectuée en violation des règles en matière d’impartialité». Elle juge inacceptable que des représentants d’Air Zermatt et d’Air-Glaciers, membres du conseil d’administration de l’OCVS, y aient participé (ceux-ci n’ont toutefois pas participé à la décision d’octroi des mandats).
La Rega affirme enfin que l’évaluation des offres «s’est faite de manière ciblée à son détriment». Selon elle, l’OCVS n’aurait pas tenu compte des aspects de médecine d’urgence et de l’équipement technique des hélicoptères au moment de faire son choix.
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Quatorze bases à disposition
Devant la presse, en novembre, l’OCVS avait indiqué que dans son dossier, la Rega ne mettait à disposition qu’un seul hélicoptère, son appareil basé à Sion. Celui-ci «n’entre donc pas en compte pour le sauvetage dans le Haut-Valais pour des raisons géographiques et n’est pas suffisant pour «couvrir les besoins» dans le Valais romand (trois appareils en très haute saison)». Pour l’organisation, une multiplication d’acteurs n’est pas souhaitable, car elle «complexifierait le dispositif en matière de sécurité, de qualité et de travail administratif». Surtout, «l’ajout d’une compagnie n’apporte aucune plus-value pour les patients», soulignait-elle.
Hier, la Rega a déclaré qu’outre son hélicoptère basé à Sion, elle avait indiqué mettre à disposition ses 14 bases, dont six permettent d’atteindre le Valais en six à treize minutes de vol. Chaque base est occupée 24h/24 par un médecin, un pilote et un ambulancier, relève David Suchet.
Pour «une procédure équitable»
Depuis des décennies, le dispositif valaisan de sauvetage héliporté est l’affaire d’Air-Glaciers et Air Zermatt. Mais en septembre 2020, le Tribunal fédéral a admis un recours de la société Héli-Alpes et a enjoint au canton d’organiser un appel d’offres pour attribuer les autorisations d’effectuer des vols de sauvetage. Ce dernier a été lancé début 2022 par l’OCVS, qui a adressé un courrier à toutes les compagnies qu’elle a pu recenser en Suisse et quatre dossiers ont été déposés dans le délai imparti: Héli-Alpes avec la Rega, la Rega, Air-Glaciers et Air Zermatt. Seuls les dossiers des trois derniers acteurs remplissaient les critères d’éligibilité contenus dans le cahier des charges.
Le recours de la Rega concerne la décision de l’OCVS et ne se réfère pas à un dossier en particulier, précise encore son porte-parole. La compagnie ne souhaite pas «supplanter les autres organisations», mais demande «une procédure équitable» pour renforcer le dispositif valaisan de sauvetage.
L’OCVS s’en tient à sa décision
De son côté, l’OCVS a communiqué qu’elle prenait note du recours. Ayant également «pris connaissance des éléments parus par voie de presse, relayant des arguments unilatéraux de la partie recourante», elle précise s’en tenir «strictement à sa décision du 29 novembre 2022, dont elle réaffirme la pertinence et la qualité».
L’organisation rappelle que «cette décision est fondée sur un processus d’évaluation rigoureux et professionnel des besoins spécifiques tels que validés par le Conseil d’Etat. Elle garantit la meilleure efficacité et la plus grande sécurité des secours héliportés sur le territoire valaisan.» Et de conclure qu’elle ne commentera pas plus longuement le recours de la Rega, «qui sera traité selon les voies légales et ne saurait faire l’objet d’une quelconque instrumentalisation publique».