L’union est inédite. Et le message est clair. En Valais, les partis dits minoritaires en lice pour le deuxième tour de l’élection au Conseil d’Etat unissent, pour la première fois, leurs voix en faveur d’un «gouvernement de cohésion cantonale et d’équilibre». Dans une lettre commune envoyée aux médias, le PLR, le Parti socialiste et l’UDC – du Valais romand uniquement – annoncent qu’ils soutiendront un gouvernement composé de deux PDC, un PLR, un PS et un UDC.

«Les signataires ne sont contre aucun parti ni contre aucune personne. Nous nous engageons POUR un Valais uni, POUR la pluralité, POUR l’équilibre et POUR la cohésion cantonale», écrivent-ils. Et pourtant leur cible est toute trouvée. Il s’agit du troisième siège PDC à l’exécutif cantonal, laissé vacant par Jacques Melly et défendu par le néophyte à cet échelon politique Serge Gaudin.

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«Pas de l’anti-PDC primaire»

«Ce n’est pas de l’anti-PDC primaire. Nous souhaitons un gouvernement représentatif de la population», insiste Barbara Lanthemann, la présidente du PS du Valais romand, pour qui les démocrates-chrétiens seraient largement représentés au sein du collège avec deux sièges – ceux des sortants Roberto Schmidt et Christophe Darbellay – alors qu’ils pèsent désormais 35% de l’électorat valaisan. «On aurait pu s’éviter tout cela si le PDC avait entendu les messages envoyés par la population lors des dernières échéances électorales et avait renoncé de lui-même à son troisième siège», ajoute Barbara Lanthemann.

D’aucuns en Valais appellent cette union des minoritaires – qui rappelle celle de 1997 entre le PS et le PLR qui a permis l’entrée des socialistes au gouvernement valaisan aux dépens du quatrième siège PDC – de leurs vœux depuis des années. Si elle intervient aujourd’hui, c’est que le contexte s’y prête particulièrement, avec un PDC plus affaibli que jamais. «La menace qui pèse sur le deuxième siège haut-valaisan a été un élément déclencheur», révèle Cyrille Fauchère. Le président de l’UDC du Valais romand précise que la communication du PDC depuis les résultats du premier tour, le 7 mars dernier, a aussi joué un rôle. Il fallait, en quelque sorte, un contre-feu.

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Union rendue possible grâce au PLR

Cette prise de position commune est aussi rendue possible grâce au PLR. Si depuis le début de la campagne le PS et l’UDC ont toujours défendu un gouvernement où ne siégeraient que deux démocrates-chrétiens, la position du PLR était celle de soutenir les trois sortants, dont leur ministre Frédéric Favre, et d’attendre les résultats du premier tour pour se positionner. C’est désormais chose faite. Peut-être aussi parce que Frédéric Favre n’est pas hors de danger et qu’il est préférable au PLR pour sauver son siège de s’unir aux minoritaires que de compter sur le PDC, qui va serrer les rangs autour de ses trois candidats.

«Les résultats sortis des urnes lors du premier tour démontrent que les électeurs sont pour un Valais pluriel, y compris au gouvernement. La gauche progresse, le PLR aussi et l’UDC stagne, alors que le PDC est en perte de vitesse. S’il devait y avoir trop de représentants démocrates-chrétiens au Conseil d’Etat, ce dernier ne serait pas représentatif de la population», appuie Florian Piasenta, le président du PLR valaisan.

Mais les amis d’aujourd’hui ne seront pas forcément ceux de demain. Car si le PDC arrive à maintenir ses trois sièges, l’un des partis minoritaires en ferait les frais. On imagine mal le socialiste Mathias Reynard, arrivé troisième du premier tour, s’effondrer lors du second. Ce pourrait donc être le libéral-radical Frédéric Favre, quatrième du premier tour, ou l’UDC haut-valaisan Franz Ruppen, sixième du premier tour, qui ne serait pas élu. Réponse le 28 mars prochain, au soir du second tour.