C’est la surprise du chef. Appel Citoyen est le grand gagnant de l’élection de la Constituante valaisanne. Le mouvement non partisan a plus que rempli son objectif de franchir le quorum dans les huit districts du Valais romand, où il présentait des listes. Il obtient une quinzaine de sièges sur les 130 que compte l’assemblée.

«Le score est inattendu», reconnaît le tout fraîchement élu Johan Rochel, à l’origine d’Appel Citoyen. Il reflète l’attitude du mouvement depuis de nombreux mois. «Nous l’avions illustrée par une image de l’athlète Léa Sprunger. Lorsqu’elle franchit une haie, elle ne regarde pas la haie mais bien au-dessus. C’est ce que nous avons fait avec le quorum, nous visions un score supérieur à 8%», explique-t-il. Et le résultat est payant, le mouvement non partisan obtient près de 16% des suffrages. Johan Rochel peine pourtant à expliquer le score réalisé. «Les Valaisans ont soutenu un mouvement exceptionnel dans un moment exceptionnel», glisse-t-il simplement.

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L'ampleur du score d'Appel Citoyen surprend

L’ampleur du résultat étonne au sein de toutes les forces politiques traditionnelles du canton. «Le côté apolitique a, semble-t-il, séduit lors de cette élection. La marque Appel Citoyen a servi la cause du mouvement, dans une élection avec un nombre record de candidats», analyse Serge Métrailler, le président du PDC du Valais romand. Cyrille Fauchère, son homologue UDC, voit dans ces résultats l’aboutissement du travail réalisé par les membres du mouvement: «La Constituante, c’est un peu leur projet. Aujourd’hui, ils sont récompensés.»

Le score réalisé par Appel Citoyen renforce le sentiment que le Valais est en pleine évolution. Cette trame de fond existe depuis de nombreux mois. «On l’avait remarqué avec la votation sur cette Constituante en mars, mais également lors du refus des Jeux olympiques en juin, explique Barbara Lanthemann, présidente du Parti socialiste du Valais romand. La volonté de renouveau en Valais se confirme aujourd’hui.»

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La classe politique doit évoluer

Le message passé par les Valaisans démontre qu’ils veulent également du changement au sein de l’appareil politique. «La population ne voulait pas d’un Grand Conseil bis, relève Jean-Pascal Fournier, le président des Verts valaisans. Elle préconise au contraire une façon de faire de la politique autrement. Le message qu’elle fait passer aujourd’hui est adressé aux forces traditionnelles», insiste-t-il. Il est vrai que les derniers venus sur la scène politique cantonale, à savoir les écologistes et l’UDC, sont moins impactés que les autres partis par la présence d’Appel Citoyen. La réussite du mouvement non partisan se fait au détriment des socialistes, des libéraux-radicaux et des démocrates-chrétiens.

Président du PLR Valais, René Constantin reconnaît qu’une réflexion importante sur le mode de fonctionnement des partis doit se faire. «La défiance envers les partis se ressent dans ces résultats. Les différentes affaires qui ont éclaté ces derniers mois n’y sont peut-être pas étrangères», analyse-t-il. Cyrille Fauchère partage son analyse: «La classe politique doit revoir ses fondamentaux et aller au-delà des programmes de parti.»