Des centaines de militaires ratissaient jeudi le sud des Philippines pour tenter de retrouver un Suisse et un Néerlandais, enlevés mercredi sur une île où opèrent des sécessionnistes islamistes. Un blocus maritime de l’île a été établi pour les empêcher de quitter l’archipel.

«Pour le moment, nous ne les avons pas localisés», a déclaré jeudi à l’AFP un porte-parole régional de l’armée philippine. Les premières 24 heures sont décisives pour les forces de sécurité qui tentent à tout prix de récupérer les otages avant leur disparition dans la jungle dense et escarpée des îles méridionales.

«Si la piste se refroidit, les chances de les retrouver rapidement s’amenuisent. Si vous ne les retrouvez pas dans cette fenêtre (de 24 heures), vous devez au moins avoir une idée de leur direction approximative», a-t-il souligné.

Les deux hommes ont été enlevés avec un de leurs guides sur une petite île de l’archipel de Tawi-Tawi et contraints par leurs ravisseurs de monter dans une vedette, selon la police locale. Le guide est parvenu à sauter du bateau et à nager jusqu’à la côte. Un autre guide avait déjà réussi à s’enfuir et avait alerté les autorités.

Le Suisse enlevé est un taxidermiste de St-Gall, âgé de 46 ans, a indiqué la police cantonale st-galloise. Il s’était rendu dans la zone avec un Néerlandais de 52 ans pour observer des espèces d’oiseaux en voie de disparition. Le Club des oiseaux sauvages, une association philippine, a précisé que le guide enlevé était dans la région à la recherche du Gallicolombe de Tawi-Tawi, une espèce d’oiseau en voie de disparition.

Aucun groupe n’a revendiqué le rapt. Selon le trésorier du club, les ravisseurs prévoiraient «de vendre (les touristes) au groupe Abou Sayyaf ou au FILM», le Front islamique de libération Moro, actuellement engagé dans des négociations de paix avec le gouvernement après des années de guérilla. «Nous ne pouvons exclure la possibilité qu’Abou Sayyaf soit impliqué mais il y a d’autres groupes armés, y compris des pirates, qui opèrent dans ces eaux», a souligné le porte-parole régional de l’armée philippine.

Cet enlèvement porte à douze le nombre d’étrangers enlevés dans le sud des Philippines depuis mi-2010 dont cinq – un Australien, deux Malaisiens, un Indien et un Japonais – sont toujours retenus.

Tawi Tawi, à l’extrême sud des Philippines, abrite des militants islamistes qui ont fait des activités de kidnapping leur gagne-pain. La Suisse, sur le site de conseils aux voyageurs du Département fédéral des affaires étrangères (DFAE), déconseille les déplacements dans tout l’archipel de Sulu (où se trouve Tawi Tawi). Les rapts et les demandes de rançon sont fréquents dans les îles méridionales de l’archipel philippin. Les Etats-Unis, la Grande- Bretagne et l’Australie invitent leurs ressortissants à ne pas se rendre dans ces régions.

L’ambassade suisse à Manille est en contact permanent avec les autorités locales, ainsi qu’avec la représentation néerlandaise, a indiqué le DFAE. Les services de Didier Burkhalter sont également en contact avec les proches du Suisse enlevé.

En 2010, un entrepreneur suisse âgé de 71 ans, qui avait été enlevé en avril dans cette région, avait été libéré en juin par des soldats.

A la mi-janvier 2009, trois employés du CICR – une Philippine, un Suisse et un Italien – avaient été enlevés sur l’île de Jolo, également dans cette région, par des rebelles islamistes membres du groupe Abou Sayyaf. Ils avaient recouvert la liberté entre avril et la mi-juin 2009.

En janvier dernier, un jeune homme de 24 ans de Brüttisellen (ZH) qui était aux Philippines pour assister à des cours d’anglais depuis début août à Quezon City, près de Manille, avait été retrouvé mort. Il avait été tué par balles le jour de sa disparition le 22 septembre dans la capitale Manille.

Au reste, l’armée philippine a annoncé ce jeudi aussi avoir tué trois dirigeants des groupes islamistes Abou Sayyaf et Jemaah Islamiyah, sur l’île de Jolo, dans le sud. Douze autres militants ont péri au cours d’un raid aérien mené avant le lever du soleil.