L’Etat de Vaud tire un bilan à la fois positif et inquiet de la gestion de crise de l’hiver face au risque de pénurie énergétique. Les mesures prises vont permettre de préparer l’avenir, mais les défis restent nombreux à relever.

Lire aussi: Dans le canton de Vaud, des dizaines de communes redoutent la gestion des points de rencontre d’urgence

Mardi devant la presse à Lausanne, le conseiller d’Etat Vassilis Venizelos a souligné «le haut niveau de préparation» du canton qui, selon lui, s’est montré «exemplaire» dans sa gestion de crise. «En a-t-on trop fait alors que la pénurie a été évitée? Je dirais plutôt que tout ce qui a été mis en place constitue un investissement pour les hivers prochains», a affirmé le ministre en charge de la sécurité.

Il a relevé que le dispositif piloté depuis octobre par l’Etat-major cantonal de conduite (EMCC) allait être levé à la fin mars. Cela ne signifie pas que les travaux en cours seront arrêtés, mais qu’ils se poursuivront dans le cadre du fonctionnement ordinaire de l’administration vaudoise, a-t-il précisé.

Fragilité et dépendance

Cette «poursuite des efforts» est nécessaire sachant que «le risque de pénurie va malheureusement continuer de nous accompagner», a reconnu Vassilis Venizelos. Et de mentionner différentes mesures qui devraient encore être prises, par exemple pour modifier les dispositions légales visant à la résilience énergétique des STEP et hôpitaux. Car la préparation dans l’urgence pour l’hiver écoulé a fait apparaître «des situations totalement effarantes sur notre fragilité et notre dépendance énergétique», a remarqué Denis Froidevaux, le chef de l’EMCC.

Il a pris en exemple le réseau de téléphonie du pays qui, faute de système de secours, ne permettrait plus à la population d’accéder aux numéros d’urgence en cas de délestage et de contingentement. «Un risque de pénurie est aussi un risque de perdre des vies», a-t-il dit.

Denis Froidevaux a aussi souligné que le canton s’était jusqu’ici préparé à répondre au risque le plus probable (délestage et contingentement), mais pas au plus dangereux (blackout). «Nous ne sommes pas du tout dans le même scénario. Un blackout peut survenir à tout moment. Et cela me préoccupe beaucoup car la probabilité d’occurrence d’un tel événement ne cesse d’augmenter», a-t-il prévenu.

Sensibiliser les PME

Conseillère d’Etat responsable de l’économie, Isabelle Moret a rappelé que «des liens étroits» avaient été noués entre le canton et ses entreprises face au risque énergétique. Des liens qu’il s’agira de maintenir, notamment pour inciter ces sociétés à «intensifier leur transition énergétique».

Pour Isabelle Moret, un «important travail» reste également à mener auprès de certaines PME qui ne sont pas conscientes qu’elles font partie de la catégorie des «grandes consommatrices» d’énergie. Contrairement aux plus grandes entreprises, ces sociétés ne sont pas préparées à affronter un éventuel contingentement ou délestage, a-t-elle estimé.

Communes sollicitées

Egalement en charge des bâtiments du canton, Isabelle Moret a indiqué que des économies moyennes d’environ 5% sur l’électricité avaient pu être obtenues durant l’hiver grâce à différentes mesures. Pour le chauffage, la baisse se monte à 30%, dont un tiers serait imputable à des changements de pratique et deux tiers à la météo clémente des derniers mois.

Parmi les autres actions entreprises cet hiver, les représentants du canton ont salué le rôle des communes, notamment pour l’instauration de points de rencontre d’urgence (PRU). Denis Froidevaux a reconnu que cette mesure avait, parfois, provoqué un certain mécontentement dans les communes, mais que «la majorité avait joué le jeu». Désormais, l’entier de la population vaudoise est couvert par les 300 PRU répartis sur le territoire cantonal.