Comment convertir un chaos en espace récréatif? C’est le projet que présente aujourd’hui Natacha Litzistorf, municipale lausannoise chargée de l’Architecture, pour la gare de Lausanne, dissimulée depuis des mois derrière un chantier fantôme. «Nous allons nous réapproprier ces espaces, vu qu’il ne s’y passe rien», déclare l’élue verte non sans cacher sa colère.

Le 11 octobre dernier, l’Office fédéral des transports (OFT) et les CFF annonçaient le report du démarrage des travaux principaux de l’agrandissement et la modernisation de la gare de Lausanne, tout en confirmant que d’autres travaux se poursuivaient. Compte tenu de ce retard et de ses impacts sur la qualité de vie des riverains, commerçants et usagers, la ville a obtenu de l’OFT et des CFF le démantèlement immédiat des palissades sur la place de la Gare, qui sera suivi par celles Sous-Gare.

«Le retrait de ces grandes palissades blanches de chantier redonnera à chacun la capacité de revivre plus ou moins décemment autour de la gare, tout en profitant des commerces environnants. C’est un impératif que l’on doit aux usagers et aux commerçants.»

Lire aussi: Chantier de la gare de Lausanne encore retardé: «Il y va de l’unité du pays!»

Une patinoire, d’une taille deux fois plus grande que celle qui existait au Flon, permettra d’accueillir quelque 100 patineurs, et ce, dès le 23 décembre. Elle sera installée côté ouest, devant le restaurant Tibits. L’accès sera gratuit, il faudra par contre louer des patins prévus pour sa glace synthétique. Côté est, devant le Caffè Spettacolo, sera disposée une place de jeu mobile et des terrasses, un vieux carrousel viendra compléter le dispositif en janvier 2023. Deux pergolas borderont ces deux places piétonnes, et une «augmentation significative» de l’arborisation est prévue pour réduire l’effet d’îlot de chaleur en été. «Ces aménagements préfigureront ce que sera cette grande place par la suite. Les surfaces sont généreuses, je lance un appel aux gens de la culture et du sport à nous proposer des projets», lance Natacha Litzistorf. Cet été, des concerts seront par exemple organisés, et le festival BDFIL s’y déploiera.

Une mobilité revisitée

La ville de Lausanne profite de ces aménagements provisoires pour mettre en œuvre des mesures correctives de mobilité. Douze places de taxi seront créées devant l’hôtel Continental, quatre places de kiss & ride devant le bâtiment de La Poste. Les zones de dépose-minute seront rapprochées sur le bas des avenues de la Gare et de Ruchonnet, des places de vélos supplémentaires seront installées. Sur la place de la gare, les socles de béton seront conservés «pour sécuriser l’endroit et éviter le parking sauvage».

Ces annonces réjouissantes n’effacent aucunement le sentiment de colère qui subsiste chez la municipale. «D’un gros problème, on fait une opportunité. Mais cela n’annule en rien la situation inacceptable dans laquelle on se trouve et les effets délétères du retard», tonne Natacha Litzistorf. «La pression continue sur l’Office fédéral des transports et les CFF. Ces derniers prennent en charge financièrement le démantèlement des palissades. Mais je vais également leur envoyer la facture de la patinoire, ça s’annonce être une grosse bagarre. L’ensemble des surcoûts du projet sont de l’ordre de plusieurs dizaines de millions.»

L’objectif est de proposer dans l’immédiat une solution satisfaisante à la population, mais l’indignation des Vaudois née de ce retard ne s’envolera pas une fois qu’ils s’élanceront sur la glace.

Lire encore: Gare de Lausanne: diagnostic d’un chantier escargot