Elections vaudoises: cinq réélections et trois surprises
Scrutin
Cinq des six ministres sortants ont été réélus dimanche au gouvernement vaudois. Béatrice Métraux devra batailler au second tour, avec, pour le septième siège, Cesla Amarelle, en position favorable face à Jacques Nicolet

Et le voici, ce miracle vaudois, qui se poursuit. Des ministres sortants qui réunissent des voix bien au-delà de leur propre parti et terminent en tête du premier tour. Cinq d’entre eux sont réélus, soit Pascal Broulis (PLR), Pierre-Yves Maillard (PS), Jacqueline de Quattro (PLR), Philippe Leuba (PLR) et Nuria Gorrite (PS). L’écologiste Béatrice Métraux reste au seuil de la réélection. Pour le septième siège, Cesla Amarelle devance Jacques Nicolet de 6000 voix.
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Mais retenons trois points de cette journée d’élection. D’abord l’avancée du PLR dans le canton, incarnée au Conseil d’Etat par Pascal Broulis qui devance le socialiste Pierre-Yves Maillard. Deuxio, l’UDC lâchée par l’alliance de droite qui n’a pas fonctionné. Tertio, la surprise de l’indépendant Toto Morand qui fait près de 9% des voix et qui se représentera au second tour.
Score personnel de Pascal Broulis
Le roi du canton s’appelle dorénavant Pascal Broulis. Il faisait 94 000 voix en 2012, il dépasse cette fois-ci la barre des 100’000 suffrages. Qu’est-ce qui a joué en sa faveur? «La gauche a particulièrement mis en avant le bilan personnalisé du tandem Broulis-Maillard qui a tiré le ministre PLR», s’octroie un député socialiste.
«Nous avions un parti qui était déjà bien placé dans le canton et nous avons réussi à obtenir deux sièges de plus au Grand Conseil. Cela montre qu’il y a une dynamique globale», répondent en chœur les deux présidents du parti au niveau cantonal et lausannois Frédéric Borloz et Philippe Miauton. Le principal intéressé Pascal Broulis, rétorque que sa première place «est davantage due à un score personnel qu’à un score de son parti».
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Isabelle Chevalley en possible renfort
Mais si le PLR a gagné deux sièges au législatif et fait un carton plein en plaçant ses trois ministres sortants au premier tour, son alliance avec l’UDC a moins bien fonctionné. «Un quart des électeurs PLR n’ont pas suivi la consigne de vote», déplore Kevin Grangier, secrétaire général de l’UDC Vaud, en commentant le score de son candidat. Jacques Nicolet obtient plus de voix que Claude-Alain Voiblet il y a cinq ans, mais moins de soutiens PLR.
«L’UDC ne fait pas la force des listes, que puis-je y faire? Je m’en remets à Pascal Broulis, Jacqueline de Quattro et Philippe Leuba pour porter notre candidat s’ils veulent vraiment regagner la majorité au Conseil d’Etat». Comment, d’ici au 21 mai, mobiliser les électeurs PLR pour leur faire élire un UDC? Ce qui se murmure en coulisse, c’est que l’alliance de droite pourrait changer. Une coalition plus large, avec les Vert’libéraux et l’entrée en piste d’Isabelle Chevalley serait à même de faire bouger les lignes et mettrait en péril la majorité de gauche au Conseil d’Etat. Isabelle Chevalley se montre ouverte et attend la décision de son parti qui se réunit lundi soir.
Toto Morand au second tour
Un mot enfin sur Toto Morand, qui arrive certes loin derrière les favoris mais avec un score surprenant pour un indépendant. Seul avec son «parti de rien», le vendeur de chaussures lausannois termine neuvième dans la course au Conseil d’Etat, derrière Jacques Nicolet. Il gagne près de 5000 voix de plus qu’en 2012 et brûle la politesse à des partis représentés au Grand Conseil, les Vert’libéraux et l’Alliance du centre. «Je me représenterai au second tour le 21 mai car je sens de la part des Vaudois l’aspiration à une alternative par rapport à ce qu’offrent les partis traditionnels», confirme Toto Morand.
En route, maintenant, vers le second tour. L’Yverdonnoise Cesla Amarelle est en ballottage et termine en septième position, cinq points derrière la ministre verte Béatrice Métraux. Favorite des nouveaux candidats, elle obtient peu ou prou le même nombre de voix que Nuria Gorrite il y a cinq ans, qui était alors dans sa position. Tel qu’il se présente aujourd’hui, le rapport de force ne semble pas changer dans le canton pour les cinq prochaines années.