C’est assis en tailleur sur les graviers de la place du Château à Lausanne que dix grévistes ont annoncé la candidature du mouvement Grève du climat Vaud pour l’élection complémentaire au Conseil d’Etat du 9 février prochain. Si la gauche radicale vaudoise est également intéressée par ce siège, les Verts ont décidé de ne pas se positionner tout en déclarant qu’ils pourraient «soutenir une candidature favorable à l’environnement». Les jeunes grévistes ont de leur côté affirmé être prêts à recevoir ce soutien, «mais sans contrepartie», pointe l’un d’eux.

Discours collectif

Leur candidature n’est, pour l’heure, pas portée par un candidat. La raison? La volonté de ne pas incarner ou personnaliser le mouvement par l’un d’entre eux. Une intention illustrée au cours de cette conférence de presse. Installés en arc de cercle face à une dizaine de journalistes, les grévistes ne se présentent pas et leur demandent d’attribuer les citations au mouvement. Après chaque question, ils marquent une pause. «Un temps nécessaire pour se concerter et répondre d’une seule voix», justifie une jeune, qui observe scrupuleusement ses camarades et qui n’hésite pas à signaler quand la parité n’est pas respectée lors des prises de parole.

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Un discours commun a été rédigé pour l’occasion. Les grévistes le lisent à tour de rôle: «Nous avons entamé un travail de collaboration avec le Conseil d’Etat vaudois, dans le projet du Plan climat vaudois […]. Après avoir expérimenté brièvement certaines logiques dysfonctionnelles de l’appareil exécutif et du jeu institutionnel de l’intérieur, [la Grève du climat Vaud] a dû se rendre à l’évidence et constater l’incapacité des structures gouvernementales actuelles de répondre aux enjeux environnementaux et sociaux […].»

Candidat(e) tiré(e) au sort

Les grévistes pour le climat ont alors décidé de briguer «collectivement» le siège du Conseil d’Etat laissé vide par Jacqueline de Quattro (PLR). Mais dans les faits, cette pratique n’est pas réalisable. «Comme nous serons obligés d’écrire le nom d’un ou d’une candidate uniquement, nous ferons un tirage au sort», répond l’un d’eux. Un autre élément manque à l’appel: un programme. «Nous le déciderons collectivement, insiste un autre. Chaque point sera débattu et devra faire l’unanimité, comme nous l’avons toujours fait pour organiser nos actions ou manifestations.» Son voisin poursuit: «Tout le monde pourra participer à ces discussions. Nous voulons même intégrer les mineurs et les étrangers pour que chacun puisse se faire entendre.» Mais alors comment faire pour y assister? A quelle fréquence auront-elles lieu? «Ce sont des détails d’organisation et administratifs», rétorque un gréviste.

«Un investissement dans la démocratie»

S’ils sont élus au Conseil d’Etat, l’échange en groupe ne sera pas toujours praticable et certaines informations seront tenues au secret de la fonction. «Nous trouverons des solutions, comme nous l’avons toujours fait», assure une gréviste. Pour eux, le système politique et démocratique du pays doit être restructuré. «Ni une quelconque élection ni un quelconque parti ne pourra jamais apporter la transformation nécessaire à notre société, lisent-ils. Il s’agit de reconstruire une manière de vivre qui soit réellement en accord avec les limites de notre planète, où tout le monde peut trouver sa place.»

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Au lieu d’être tacite, cette élection engendrera des frais qui avoisineront le demi-million de francs signale un journaliste. «C’est un investissement dans la démocratie, estiment-ils. Et donc le meilleur qui puisse être fait.»