Lausanne paie son lait 1 franc le litre

Dans les crèches de Lausanne, les enfants boivent du lait Faireswiss. Depuis 2020, la ville se fournit auprès de la coopérative Le lait équitable qui, sous ce label, garantit aux producteurs le «juste prix»: 1 franc par litre, soit le montant nécessaire pour couvrir les frais de production. En 2020, le prix moyen du litre de lait se situait bien en deçà: 59,4 centimes en moyenne.

Lausanne a annoncé mardi être la première commune à avoir noué un partenariat avec la coopérative Le lait équitable. La ville se veut exemplaire, en «soutenant le monde agricole de proximité face aux difficultés qu’il rencontre pour survivre» et en s’engageant «en faveur d’une alimentation responsable». Elle a déboursé 34 centimes de plus par litre qu’avant pour le lait employé dans ses restaurants collectifs.

100 000 litres par an

En 2020, quelque 24 200 litres ont été écoulés, malgré les fermetures liées au Covid-19, dans les cuisines des 34 restaurants qui produisent 6700 repas par jour pour les crèches, le personnel communal, les réfectoires scolaires, ou les lieux d’accueil parascolaire. En tout, la ville a commandé 78 000 litres de lait équitable jusqu’à fin 2021 et prévoit une consommation de 100 000 litres par an à l’avenir.

«Nous représentons une force de frappe importante», souligne la municipale responsable de l’Environnement, l’architecture et le logement pour la ville de Lausanne, Natacha Litzistorf. Cette décision s’inscrit dans la politique lausannoise d’agriculture urbaine, que la ville veut plus équitable, ajoute l’élue. Elle s’appuie sur un préavis largement adopté par le Conseil communal, qui vise à «augmenter la part de consommation de produits de proximité chez les habitants, dans les établissements publics et dans la restauration collective».

En juin 2021: Du lait à haute valeur ajoutée avec les nouvelles normes pour la filière

«Les consommateurs sont prêts à payer plus»

La coopérative Le lait équitable a vu le jour en 2018, comme la réponse d’une poignée d’agriculteurs à l’hémorragie de producteurs de lait (-50% en vingt ans), découragés par la chute constante des prix. Au départ, ce projet démarrait avec 14 agriculteurs. Ils sont aujourd’hui une soixantaine.

En 2020, Faireswiss a écoulé près de 1,1 million de litres de lait et a pu verser 375 000 francs à ses coopérateurs. Une rétribution calculée en fonction des parts sociales de chacun et du nombre de litres de lait vendus. «Nous constatons que les consommateurs sont prêts à payer un peu plus s’ils ont l’assurance que la différence va aux producteurs et non à la distribution», souligne Anne Chenevard, présidente de la coopérative.

Aujourd’hui les briques labellisées Faireswiss sont distribuées dans 500 points de vente: magasins Manor, plusieurs laiteries et self-services, 85 succursales romandes de la Migros et les magasins Spar. D’abord romande, la coopérative compte désormais des producteurs de toute la Suisse: Tessin, Zurich, Saint-Gall, ou encore Glaris. Elle peine en revanche à s’implanter dans la grande distribution en Suisse alémanique. Mais envisage de lancer une gamme bio, aussi pour conquérir des consommateurs alémaniques qu’elle imagine plus portés sur les critères écologiques.