«Il y a deux solutions pour éviter que les tarifs de l’électricité n’augmentent. La première est de faire des économies d’énergie et la seconde est de produire soi-même sa propre consommation», analyse Xavier Company, directeur des Services industriels de Lausanne. Accompagné de son collègue et syndic Grégoire Junod, le municipal vert avait donné rendez-vous à la presse dans une salle de conférences au palais de Beaulieu pour présenter son projet de développement du solaire.
Un lieu symbolique pour illustrer la thématique car il surplombe l’une des plus grandes installations en panneaux photovoltaïques de la ville. A l’image des toits plats des Halles de Beaulieu, la cité vaudoise regorge d’espaces pour accueillir de nouvelles installations similaires. «Le potentiel d’énergie des toits de Lausanne représente environ 50% de la consommation globale d’électricité de la ville. Actuellement, nous ne produisons que 10 GWh par an alors que notre consommation annuelle totale s’élève à 680 GWh. Notre capacité de production sur les toits peut donc être multipliée par 30», poursuit Xavier Company.
Cette estimation a été réalisée sur la base du cadastre solaire photovoltaïque suisse et tient compte des toitures de plus de 20 m2 et d’une surface disponible de 70%. Face à l’urgence actuelle mais grâce à ces bonnes prédispositions de développement du solaire, la municipalité lausannoise met en avant plusieurs avantages pour «dynamiser la réalisation de centrales solaires photovoltaïques.» Le premier point consiste à simplifier les procédures administratives.
Tarifs revus à la hausse
Pour faire simple, deux types de biens ont été recensés: les bâtiments sans enjeux patrimoniaux et les bâtiments à valeur patrimoniale. Les premiers cités représentent 60% des édifices lausannois, soit entre 4200 et 6000 toitures. Sur ce genre d’immeubles, le cadre légal n’exige pas une enquête publique ni un permis pour poser des panneaux solaires mais uniquement une autorisation des autorités locales compétentes. Désormais, pour accélérer la procédure, la municipalité promet de ne pas dépasser un délai de réponse de trente jours.
Si cette mesure ne convainc toujours pas les propriétaires de la capitale olympique de faire le grand pas vers la pose de panneaux photovoltaïques, le prix de rachat de l’électricité peut faire la différence. «Une centrale solaire réinjecte environ 60 à 70% de sa production dans le réseau. La ville rachète sous la forme d’un tarif incitatif et subventionné le reste de cette énergie, rappelle Xavier Company avant de poursuivre. Vu que les prix d’achat sur le marché international ne cessent d’augmenter, nous devons aussi faire un geste pour nos fournisseurs locaux. C’est pourquoi le tarif 2023 va passer de 10,2 à 17,8 centimes par kWh.»
La municipalité lausannoise a également fixé un tarif minimum de reprise de 10 centimes par kWh garanti pour les dix prochaines années. Cet éventail de mesures va probablement ravir les producteurs d’énergie mais peut également questionner sur l’anticipation des autorités politiques qui agissent alors que les prix ont d’ores et déjà flambé. «Même si la Suisse n’est pas forcément en retard au niveau des énergies solaires sur le plan européen, il est évident que nous aurions dû aller plus vite pour éviter de nous retrouver dans une situation délicate. Mais regardez le parc éolien lausannois. Le projet a été déposé en 2007 et on espère parvenir à nos fins en 2027. C’est un bon exemple du temps que demande la transition énergétique en Suisse», commente le municipal écologiste.