Pour la gauche lausannoise, la réussite est éclatante. Elle place encore une fois ses six candidats en tête, et tous dans un mouchoir de poche: il y a à peine 4% d’écart entre le syndic socialiste sortant, Grégoire Junod, vedette politique locale, et le Vert Xavier Company, parfait inconnu avant les élections, qui ferme la marche. Bien sûr, la première analyse consiste ainsi à constater que les Lausannois sont contents de la manière dont leur ville est administrée, et qu’ils n’ont donc aucune envie de changer quoi que ce soit aux forces en présence.

Mais la discipline presque soviétique avec laquelle les citoyens mettent, une législature après l’autre, leur liste dans l’urne finit par questionner le fonctionnement démocratique. A quoi sert une campagne électorale si elle est à impact complètement zéro? Si les personnalités n’ont quasi aucune importance dans le résultat? Si le bilan particulier de telle ou tel n’a pas la moindre conséquence sur son score?

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Un endettement problématique

Car, par exemple, ce n’est pas faire injure à la municipalité lausannoise que de remarquer l’endettement de la ville. Ce n’est pas faire injure au municipal POP David Payot que de souligner qu’on ne l’a pas beaucoup vu durant la législature. Ce n’est pas faire injure aux Verts que de signaler leur baroud en solitaire au premier tour comme participant d’un certain aventurisme. Ce n’est pas faire injure à l’écologiste Xavier Company que de dire qu’il avait bien de la chance d’être sur la liste, après avoir terminé dernier des Verts au premier tour.

Mais à Lausanne, tout se passe comme si plus rien n’avait d’importance: à gauche, il suffit d’être là pour être élu, et c’est par pure gentillesse qu'on laisse à la droite un siège unique que l’on pourrait rafler sans aucun problème si on le souhaitait. Cela doit-il pourtant être interprété comme un blanc-seing à l’ultra-majorité lausannoise? On veut croire et espérer que la sagesse de l’exécutif devra et saura pondérer parfois la discipline presque trop parfaite de ceux qui les ont élus.


Notre suivi des élections au second tour dans trois cantons, le 8 mars 2021.