L'auteur du crime djihadiste de Morges est condamné à 20 ans de prison, et à se soigner
Justice
Omer, reconnu coupable d’assassinat pour avoir tué un jeune Portugais attablé dans un kebab au nom de Dieu et de l’Etat islamique, échappe à la mesure très liberticide de l'internement

Le jugement de la Cour des affaires pénales vient de tomber dans l’affaire de l’attaque djihadiste meurtrière de Morges. Omer, jeune radicalisé turco-suisse élevé à Prilly, a été reconnu coupable d’assassinat pour avoir poignardé un ressortissant Portugais attablé dans un kebab avec sa compagne. Un crime commis dans l’idée avouée de venger l’Etat islamique, de «plaire à Dieu» et de punir la Suisse. L’intéressé, âgé de 29 ans, est condamné à 20 ans de prison. Ses graves troubles mentaux ont conduit les juges à prononcer une mesure institutionnelle en milieu fermé. Il échappe à l'internement réclamé par le Ministère public de la Confédération.
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Série d’infractions
Pour rappel, Omer était accusé d’avoir tué le malheureux Joao ce 12 septembre 2020, un jeune homme de 29 ans qu’il ne connaissait pas et qui avait eu le malheur de se trouver au mauvais endroit au moment, où le prévenu ruminait son offensive. La victime, mortellement touchée à l’aorte et au foie par la longue lame d’un couteau de cuisine, est décédée sur place sous les yeux horrifiés de ses amis et des autres clients du kebab.
Ce n’est pas tout. Omer devait aussi répondre d’une série d’autres infractions plus ou moins contestées: visionnement et partage d’images ultraviolentes, tentative d’embrigader des copains ou de partir en Syrie, volonté de faire exploser une station-service en 2019 (il avait passé 15 mois en détention préventive pour cela avant d’être libéré sous conditions multiples), de lésions corporelles simples et menaces envers un autre client traumatisé du kebab, de tentative de tuer un gardien de prison ou encore de l'agression d'un policier fédéral qui l’escortait. Le jugement est plus nuancé sur certaines de ces accusations et prononce plusieurs acquittements.
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L’enjeu de la mesure
Evoquant une culpabilité extrêmement lourde, le procureur fédéral Yves Nicolet avait réclamé une peine privative de liberté de 18 ans. Seule une diminution moyenne de la responsabilité pénale du prévenu permettait de nuancer le très sombre tableau et de renoncer à une perpétuité pour assassinat. L’accusation y ajoutait la nécessité d’un internement ordinaire visant à contenir un risque de récidive qualifié de «majeur» s’agissant d’un homme versé dans l’idéologie de la terreur et rétif aux soins.
La défense, incarnée par Me Nadia Calabria, opposée à toute mesure de durée forcément indéterminée, privilégiait l’unique prononcé d’une peine même très longue. A titre subsidiaire, l’avocate avait plaidé pour le traitement institutionnel préconisé par l’expert, au motif que «le meilleur moyen de sauvegarder la sécurité publique, c’est encore de soigner les gens qui sont susceptibles de la menacer». Sur ce point, elle a été entendue.
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