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L’éolien a le vent en poupe dans le canton de Vaud

Le Tribunal fédéral a rejeté l’ensemble des recours contre le parc de douze turbines au Mollendruz. Depuis 2021, les décisions favorables se succèdent pour l’énergie éolienne vaudoise, longtemps paralysée par les procédures et les oppositions

Vue du parc éolien du Mollendruz depuis le village de Juriens.  — © DR
Vue du parc éolien du Mollendruz depuis le village de Juriens. — © DR

Le vent est-il en train de tourner pour l’énergie éolienne en terre vaudoise, longtemps empêtrée dans les recours et les procédures? Les décisions s’accélèrent en faveur des projets de construction de turbines. Ainsi le Tribunal fédéral (TF) vient de rejeter tous les recours déposés contre l’approbation du plan partiel d’affectation (PPA) pour le parc éolien du Mollendruz, sur les crêtes jurassiennes. «Ce n’est qu’une étape dans un dossier qui nous occupe depuis treize ans, mais c’est une étape importante», réagit Patrick Agassis, le syndic de Mont-la-Ville. Sa commune accueillera sur son territoire quatre des 12 mâts qui doivent, à terme, pouvoir fournir l’électricité à 100 000 personnes.

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«Le PPA étant entré en force, nous déposerons la demande de permis de construire courant 2023, avec un début du chantier espéré en 2025», poursuit Patrick Agassis, également membre du conseil d’administration de la société d’exploitation Energie Naturelle Mollendruz (ENM). Fondée le 25 février 2009, l’entreprise appartient exclusivement à des communes: Zurich, par l’intermédiaire de son service d’électricité, plusieurs villages de la région (Juriens, La Praz, Mont-la-Ville et Vaulion), ainsi que la ville d’Yverdon-les-Bains. Syndic de cette dernière, Pierre Dessemontet se réjouit également de l’arrêt du TF qui prouve que «le parc, l’argumentation et le dossier, qui comprend d’importantes compensations écologiques, sont solides».

Sainte-Croix, le premier parc

Pour Pierre Dessemontet, l’acuité des questions liées à l’approvisionnement énergétique n’a pas joué de rôle dans l’appréciation des juges de Mon-Repos. «Indépendamment du contexte, le TF a pris plusieurs décisions favorables à l’éolien». En avril 2021, le tribunal rejetait ainsi les recours déposés contre le parc de Sainte-Croix. Une décision qui a permis à la société Romande Energie de lancer à l’automne suivant, après vingt ans de procédure, le chantier de six turbines, pour ce qui deviendra l’année prochaine le premier parc éolien sur sol vaudois.

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Au total, depuis le printemps 2021, le TF s’est prononcé à six reprises en faveur de projets de mâts. Néanmoins, en novembre 2021, les juges avaient prononcé une réduction du parc du Grenchenberg, dans le canton de Soleure, compte tenu de la grande proximité avec des faucons pèlerins, espèce particulièrement menacées. L’intérêt public du maintien de la biodiversité l'avait, ici, emporté en partie sur celui de la production d’énergie renouvelable. Cet arrêt avait donné espoir à François Turrian, directeur romand de BirdLife Suisse, l’un des cinq organismes recourant du Mollendruz. «Les deux situations sont assez similaires avec, dans le cas vaudois, des éoliennes proches du territoire d’espèces menacées comme l’alouette lulu et la bécasse des bois.»

«Le Jura sera sacrifié»

François Turrian ne cache donc pas sa déception de voir «la protection de la nature passer au second plan» aux yeux de la plus grande instance juridique du pays. Il demeure perplexe sur les mesures de compensation promises, comme la création de pâturages. «Il faut demeurer humble, on ne peut pas créer des biotopes complexes juste comme ça, alors qu’il a fallu des siècles à la nature pour les façonner», relève le biologiste de formation, qui admet une certaine fatalité. Un sentiment que ne partage pas complètement Jean-Marc Blanc, secrétaire général de Paysage-Libre Vaud, autre organisme recourant. «Depuis le déclenchement de la guerre en Ukraine et les questions d’approvisionnement en énergie, nous sommes certes face un rouleau compresseur, observe-t-il, mais le débat n’est pas encore clos.» Pour preuve, le récent appel de 86 scientifiques à «ne pas sacrifier la biodiversité sur l’autel du renouvelable».

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Dans cette problématique toujours très émotionnelle, Isabelle Chevalley, présidente de Suisse Eole, affiche au contraire sa grande satisfaction de voir les parcs enfin avancer. «Les projets des développeurs sont sans faille, assure l’ancienne conseillère nationale vert’libérale. Surtout, l’éolien est essentiel. Deux tiers de son courant sont produits en hiver. Il est totalement complémentaire avec le solaire et l’hydraulique, qui produisent moins à cette période de l’année.»